Plein d'esprits

Qu'arrive t-il aux cinéastes français, plus particulièrement aux "auteurs", ils semblent comme possédés par les mystères de l'au-delà ! A jamais, Planetarium, et maintenant Personal Shopper. Le film de Jacquot est celui qui se rapproche le plus de celui d'Assayas, du moins pour ce qui est du thème principal, le deuil et les fantômes, le traitement étant radicalement différent d'un réalisateur à l'autre. Personal Shopper ouvre de multiples voies et marie plusieurs genres, plein d'esprit(s) mais aussi en lisière du grotesque ou de l'ennuyeux. Mais pour peu que l'on laisse agir le philtre (filtre) vaporeux de la mise en scène d'Assayas, le film devient captivant, dans le sens où il alterne les scènes de contemplation et les brusques mises sous tension. D'accord, cela donne un film disparate, habité par une élégance glaciaire, aussi chaleureux qu'un défilé de haute couture, et alors ? Ce récit d'une solitude contemporaine, renforcée par les outils technologiques, crée un climat insidieux et inquiétant où tout peut arriver. Aussi chic que fragile, superficiel que profond, le film est tout entier dévolu à Kristen Stewart, plus que convaincante dans un rôle glissant et intime. Personal Shopper appartient à cette race d'oeuvres où un cinéaste se dédie entièrement à sa muse sur l'écran, fasciné et "amoureux". C'est troublant et envoûtant.