Seize ans après une première collaboration – Rivers and Tides –, le documentariste Thomas Riedlesheimer retrouve la figure du Land art Andy Goldsworthy afin de livrer un portrait intimiste de l’artiste et de son œuvre.


En 2005 déjà, le réalisateur avait réussi à sublimer le travail de Goldsworthy, un artiste qui a le don de combiner lumières et textures naturelles afin de transformer n’importe quel environnement en œuvre d’art. Arbre, haies, rivières, rues, pétales de fleurs, se combinent dans les paysages revus et corrigés par ce génial créateur. Leaning Into the Wind se pose donc comme une suite dans laquelle l’essence du travail de ce maitre du Land art est à nouveau merveilleusement captée. Alors que Goldsworthy cultive l’instantané propre à chaque environnement naturel visité, le cinéma s’avère être un médium idéal pour porter l’œuvre au-delà de l’éphémère. Pour qu’une telle démarche ne s’assimile pas qu’à un simple making-of, il est nécessaire que le regard du cinéaste s’accorde avec celui de l’artiste, et c’est là le grand mérite de Thomas Riedlesheimer : du mixage sonore aux lumières délicates, la beauté du travail du maitre parait évidente à travers sa caméra.


Pas besoin de cinéma 4D pour ressentir l’empreinte des arbres sur la peau ou les flots humides d’un ruisseau écossais venant nous glacer les pieds. Grâce à cette accointance entre le réalisateur et son sujet, le documentaire n’a pas besoin de mots afin de nous plonger dans ce monde poétique, sensoriel et esthétique. Il est donc dommage que le film, comme s’il n’avait pas confiance dans le très bon cinéma qu’il contient, se sente obligé de placer des scènes où Glodsworthy commente son approche. Ces commentaires sonnent creux et relèvent de l’anecdotique, ramenant l’expérience artistique à un niveau plus terre-à-terre. Ces intercalaires verbeux n’étaient nullement nécessaires pour déceler la complexité et les paradoxes d’un artiste s’évertuant tout au long de sa vie à cultiver l’éphémère mais ne pouvant s’empêcher de mettre son œuvre sous la perspective du temps qui passe.

el_blasio
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le 22 mars 2019

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