Quand le roi du film thriller fun et malin nous propose une relecture de Mission : Impossible, on se dit « pourquoi pas ? ». Après le visionnage on se demande « pourquoi ? »

Opération Fortune : Ruse de guerre aurait pu être un bon divertissement. Le réalisateur Guy Ritchie est plutôt habile pour emballer des thrillers énergiques et malins. On se souvient de ses débuts londoniens avec Arnaques, Crimes et Botanique et Snatch, ainsi que sa réinvention audacieuse de Sherlock Holmes. Ici, il retente l’exercice de l’espionnage qui lui avait bien réussit avec Agents très spéciaux : Code UNCLE. Mais Jason Statham n’a pas le charisme d’Henry Cavill et les stations balnéaires d’Anatolie n’ont pas le charme vintage des années 1960. Une équipe d’espions composée d’un mercenaire brutal (Jason Satatham), une informaticienne geek (Aubrey Plaza), un sniper faire-valoir (Bugzy Malone – on ne rit pas !) et un chef flegmatique (Cary Elwes) est chargée de récupérer une terrible arme menaçant l’ordre mondial. Tout se passe comme prévu. Voilà, fin de la blague ! Avec ce Mission : Impossible low-cost, l’ambition de Guy Ritchie est au cinéma ce qu’un voyage à Ibiza est au tourisme. Il réunit des potes avec qui il a déjà tourné (Jason Satham, Hugh Grant et Josh Hartnett), file sous le soleil de Turquie, torche un scénario totalement anecdotique parsemé de quelques vannes pour faire cool et fun, et s’offre ainsi des vacances balnéaires entre amis aux frais de la princesse (et du spectateur). Si le plaisir de la bande s’éclater de manière complètement décontractée peut parfois s’avérer contagieux, cela reste toutefois une bien pauvre proposition de cinéma. Pour les fans du metteur en scène britannique (dont je fais partie), il subsiste toutefois un élément intéressant. Dans leurs péripéties, notre équipe d’espions va rencontrer un acteur de cinéma (Josh Hartnett) qui prend conscience que le rôle de sa vie, c’est littéralement le rôle de sa vie, c’est-à-dire d’incarner sa propre figure d’acteur hollywoodien. Dès lors, il est fort possible que Guy Ritchie essaie de nous dire que lui aussi est quelque peu enfermé dans son propre cinéma.

el_blasio
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le 9 déc. 2022

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