Comme B-tina, Critique négative la plus appréciée de ce film, je pourrais dire que
"Poor things", le nouveau film de Yórgos Lánthimos (The Lobster, La Favorite, La Mise à mort du cerf sacré) est un récit d'initiation et un conte philosophique qui suit le développement de Bella, et que j'ai visionné un peu à contre-coeur, refroidi par les excès de cette nouvelle génération de cinéastes grecs, la palme de l'horreur détenue par "fingernails", sans l'ombre d'un doute.
Mais ce dernier film de Lanthimos, dès les premiers plans nous accroche au merveilleux, tout de suite : Les décors londoniens presque steampunk (mais pas vraiment, et c'est important) les cicatrices du professeur Godwin, exagérées au possible, l'horreur de la chirurgie subie par Bella (Emma Stone), sa performance dans une personnalité qui s'étoffe de plus en plus au cours du film au point de nous faire épouser sa froide radicalité de chimère face aux humaines faiblesses de ses partenaires en scène, et surtout, la folie créatrice des décors qui enveloppe tout le film avec un crescendo dans son cours qui frise l’apothéose avec le paquebot qui fume vert et les vues improbables des capitales visitées. C'est ce spectacle hallucinant et coloré qui m'a transporté au point d'oublier un peu l'horreur du fantastique qui sert de départ à l'histoire.
"Nous devons gagner de l'argent. Mais surtout nous devons tout vivre, pas seulement le bien, mais aussi l'humiliation, l'horreur, la tristesse. C'est ce qui nous rend complets, fait de nous des êtres de substance et non des enfants inconstants et naïfs. Ça nous apprend le monde. Et quand on connait le monde, il est à nous." confie à Bella la tenancière du bordel.
Peu à peu, le cours du film se transforme en morale qui fait nous retomber sur nos pieds après avoir survécu aux horreurs de la vie des vivants, sur la réussite du Pr Godwin et au final, le léger sourire sur le visage de Bella, désormais confiante sur la suite des évènements...