Embrouilles et hésitations irlandaises

Avis sur Conversations with Friends

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C'est dur de parler de Conversations with friends. Cette série (Hulu/BBC Three), deuxième opus d'une équipe qui a donc mis fidèlement en image les 2 premiers romans à succès de Sally Rooney.

Leur première production était Normal people qui avait rencontré un succès poli auprès d'un public limité. Il faut dire que l'analyse des sentiments partagés au cours d'une courte période d'un groupe de personnes n'a pas été une recette de succès au cinéma, sauf pour de très grands réalisateurs, et encore moins dans les séries.

Issue du livre du même nom, c'est une mini-série intimiste en 12 épisodes qui nous décrit des situations sur une période d'environ un an de Frances (Alison Oliver, troublante de sincérité), une jeune fille très réservée, bloquée même, dans les errances de ses choix, essentiellement son rapport avec un homme marié dont elle sent peu à peu qu'elle prend l'ascendant. Leurs rapports gardés secrets dans un environnement où tout se dit et s'échange, crée une subtile tension qui va affecter les autres protagonistes et leur relative acceptation du comportement tourmenté de Frances.

Deux amies, Frances et Bobbi (Sasha Lane , remarquable dans sa composition) qui se connaissent et se fréquentent depuis le lycée, désormais séparées, font des présentations de poésie sur scène. Une écrivaine de renom, Melissa (Jemima Kirke) les remarque et apprécie leur spectacle et leur propose de se rencontrer. Bobbi se rapproche immédiatement de l'écrivaine avec spontanéité. Frances se sent attirée par le mari de l'écrivaine (Joe Alwyn), un acteur d'une trentaine d'années sensible et indécis.

Comment les 3 membres de l'entourage de Frances se trouvera touché, chacun à sa manière, par des choix à courte vue de l'héroïne, elle qui ne finit jamais ses phrases, qui ne dit rien de ses goûts, ses intérêts, de sa passion, qui se recroqueville dans un mutisme qui va peu à peu déterriorer la patience et l'attention de ses amis est un choix scénaristique osé. La modification des personnages est très subtile, et ce genre d'évolution est pas évident à rendre sur le petit écran. Mais le parti pris est réussi: on ressent précisément la vanité des choix de Frances, l'acceptation naturelle par les autres de ce qui lui semble une montagne, et le décalage entre un esprit torturé et l’esprit contemporain.

Ne nous leurrons pas. Ce genre de série génère des appréciations diamétralement opposées. On aime ou on déteste. Cette mini-série est du domaine de l’être, et non du faire. Pour ceux qui aiment scruter les sentiments en profondeur, cette histoire est du pain béni. La qualité de l’interprétation, la neutralité de la mise en scène faisant la part belle aux échanges des personnages, est un plaisir de 5 heures de binge-watching. La note de 7 est plutôt sévère. Mais un 8 aurait été excessif de ma part.

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