A une coiffeuse kantienne, amicalement.

Un de ces films que je vais voir sans réellement savoir de quoi il s'agit, après en avoir certainement entendu parler rapidement et m'être fiée à un avis très positif sur l'histoire. Et puis cela faisait longtemps que je n'avais pas vu Emilie Dequenne jouer... une série de hasards et de coïncidences plus tard, me voilà dans une salle à plonger dans l'histoire de "Pas son genre".

L'histoire s'ouvre sur une femme triste qui demande à un homme de partir et de la laisser tranquille. Ce même homme, Clément est professeur de philosophie et apprend qu'il est nommé à Arras pour cette année. Cette nouvelle, il la reçoit comme une punition. Pour lui, seul Paris compte et Arras est le bout du monde. C'est la mort dans l'âme qu'il prend ses nouvelles fonctions, accueilli par sa collègue prof de philo qui lui fait découvrir la ville et le met à l'aise dans ce nouvel établissement. On nous présente ensuite Jennifer qui se prononce à l'anglaise puisque c'est un prénom anglais, coiffeuse de métier, toute pimpante, le sourire aux lèvres pleine d'énergie, partageant sa vie entre son garçon Dylan, le salon de coiffure et les soirées karaoké avec ses collègues où elle revêt sa tenue de paillettes.
Clément entre dans le salon de coiffure de Jennifer pour s'y faire couper les cheveux.

Ils se revoient à l'occasion de plusieurs rendez-vous au cours desquels même si les deux personnages sont très différents ils apportent un angle de vue différents sur des tas de sujet : Kant / Dostoïevski/ Jennifer Aniston ou Cameron Diaz.
Très vite on est enveloppés dans cette histoire avec eux tellement c'est tendre et cotonneux même si cela reste fragile.

On perçoit très rapidement à quel point les deux personnages sont différents : Jennifer occupe ses week-end à chanter avec ses collègues au karaoké où Clément n'est pas très à son aise, Clément préfère la nuit parisienne à laquelle il n'emmène jamais Jennifer. Pour autant il n'y a jamais de sentiment de supériorité exprimé envers l'un ou l'autre. Il y a les visions de chacun sur la vie, les engagements ou le non-engagement qui fait qu'irrémédiablement cette histoire ne pourra pas durer, quand bien même les deux personnes concernées y mettraient toute leur volonté... il y en aurait toujours un sur le bord de l'autoroute...

Pas son genre nous dresse le portrait d'un "couple" d'aujourd'hui qui voudrait s'aimer de toutes ses forces mais qui est rattrapé par le milieu dans lequel il a grandi, les convictions dont il est pétri... On aimerait pourtant leur donner une vraie chance même si l'on devine l'issue depuis le début...

Emilie Dequenne en blonde péroxydée est éclatante de vérité, de beauté et de fraîcheur. Je ne connaissais pas Loïc Corbery, c'est une très belle découverte!

Je recommande chaudement ce film intelligent, happant et entraînant.
Adagiooo
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Au ciné en 2014

Créée

le 24 mai 2014

Critique lue 217 fois

1 j'aime

2 commentaires

Adagiooo

Écrit par

Critique lue 217 fois

1
2

D'autres avis sur Pas son genre

Pas son genre
Rawi
7

Bonheur triste

Je suis Lucas Belvaux depuis un bon moment et j'apprécie sa fibre humaniste, son regard aiguisé sur la société et sa manière d'en tirer partie. En apprenant qu'il allait nous réaliser une "comédie...

Par

le 12 juin 2014

46 j'aime

10

Pas son genre
PatrickBraganti
9

Le philosophe dans le salon

On n’attendait pas le belge Lucas Belvaux, artiste engagé réalisateur de films âpres ancrés dans la réalité sociale, dans une comédie romantique, comme un ‘feel good movie ‘ entre un professeur de...

le 1 mai 2014

44 j'aime

5

Pas son genre
Sabri_Collignon
7

La Tristesse vient de la Solitude du Coeur!

Lucas Belvaux,réalisateur belge chevronné et engagé,est connu pour sa dénonciation farouche des inégalités sociales et sa propension à contester l'ordre établi.Ses chroniques dépeignent souvent des...

le 4 mai 2014

30 j'aime

14

Du même critique

Coupez !
Adagiooo
6

Coupez!

Tout commence par une histoire de zombies, de gens qui crient, de faux sang, de réalisateur imbuvable, d'acteurs un peu perchés ou détachés de l'horreur dans laquelle ils tournent.. et puis on...

le 20 mai 2022

12 j'aime

1

Une rencontre
Adagiooo
7

Je nous préfère l'éternité.

Pierre rencontre Elsa dans une soirée organisée par un ami commun. Coup de foudre brutal. Complicité immédiate. Mais Pierre est marié depuis 15 ans, aime sa femme et ne cherche pas à briser son...

le 24 avr. 2014

11 j'aime

Fête de famille
Adagiooo
6

Famille, je vous hais !

Un film qu'on va adorer détester...tant tour à tour les personnages sont aussi horripilants qu'agaçants. C'est l'anniversaire d'Andrea/Catherine Deneuve et pour l'évènement, toute la famille est au...

le 6 sept. 2019

7 j'aime

1