Grosse attente pour ce troisième Oss117, après les deux premiers, qui sont désormais des classiques de la comédie française.Mais Hazanavicius, en désaccord, s'est très tôt retiré du projet au profit de Nicolas Bedos.. Pour quelles conséquences ?
Côté pile, on y gagne une production encore plus luxueuse etsoignée, que ce soit dans la mise en scène, la photo ou la reconstitution impeccable de cette année 1981.Clairement,on ne se fout pas de nous.
Côté face, ce film n'apporte absolument rien à la légende OSS117. L'effet de surprise, déjà très estompé dans le 2ème épisode, est ici réduit à néant. Halin (le, scénariste principal) nous ressort tous les clichés attendus sur les noirs,les femmes et l'arrivée de la gauche en 81,rien de plus.De plus, il n' oppose plus systématiquement la bêtise crasse d'Oss 117 à l'incrédulité de ses interlocuteurs,ce qui réduit encore la portée des gags.
Les rares nouvelles idées font souvent flop, on peut citer notamment les références au féminisme at à la cancel culture d'aujourd'hui,clairement un dada de Bedos. Je prends pour exemple l'arrivée d'OSS 117 au SDECE, qui saluent les dames avec une magnifique main aux fesses sans aucune réaction outrée de celles ci, ce qui tue dans l'œuf le rire.
Le côté Buddy movie du film, autre référence eighties, est à moitié réussi, avec d'un côté une réjouissante mauvaise foi d'Oss 117 face au succès et à la jeunesse de Niney(par contre, le look métrosexuel en 1981... ) et de l'autre côté, des dialogues souvent faiblard, loin de ceux d'un bon Francis Veber d'époque par exemple.
On voit clairement que Bedos a voulu faire d'Oss 117 le héros d'un film d'aventures classique, à la James Bond mais n'a pas voulu non plus se couper totalement de ce qui a fait son succès. D'où un film le cul entre deux chaises...
De même, provoquer le rire en faisant d'Hubert l'apôtre du progrès technologique(Oss 117 as du cobol, sérieux... :roll: ) et de l'égalité des races, même hypocritement, est un mauvais calcul. Bedos a clairement de la sympathie pour Hubert, qui est pour lui le représentant d'une France idéalisée, avec ses defauts(énormes) mais où le politiquement correct, qu'il exècre, n'existerait pas(ce qui est totalement faux, je prend pour exemple l'impitoyable censure de l'époque) Bref, On ne rit pas avec OSS 117,on doit rire de lui selon moi.Bedos, par conviction personnelle, fait ici un contresens total... On a aussi droit à des moments gênants, comme quand la divine, noire et indépendante Zephyrine succombe au colonialiste Hubert, juste après que la blanche Micheline(délicieuse référence ferroviaire :D ) ait envoyé paître Hubert après une nuit difficile... Politiquement incorrect ou grosse maladresse, à vous de voir. Étonnamment, la meilleure scène du film survient juste après la nuit avec Zephyrine, avec un OSS 117 enfin fidèle à lui même :lol:
Mais ce qui gâche vraiment le film, c'est le côté vieux con de Bedos qui le parcourt. Cette nostalgie seyait parfaitement à son précédent film, La Belle Époque mais à une comédie ? Non ! On assiste à une longue litanie de références années 80 et 90(Les Nuls ?!) ,qui, quoique justes, font de ce film un pur doudou pour quadragénaires(dont je fais partie) et qui prolonge cette mode des eighties qui dure depuis près de 20 ans :evil: . Quitte à sucer son pouce, autant remater Les Enfants de la télé :roll: .
Une déception et une occasion manquée donc, qui m'a arraché un ou deux rires(la chanson inattendue de Gainsbourg,la scène du dressage, la poursuite) mais qui la plupart du temps a suscité chez moi un silence poli. L'absence d'Hazanavicius et donc de contradiction à Halin a clairement nui au scénario, qui méritait selon moi un traitement beaucoup plus noir et cru :mrgreen: ,(on parle ici d'une dictature africaine hein) , pour mettre en valeur le décalage d'OSS 117.
Un nouvel OSS 117?Non merci.

Batfunk
5
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le 8 févr. 2022

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Batfunk

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