On reste sur notre...fin du monde.

Une tranche de vie, une illusion en forme de pari fou, au sein d'un monde globalisé dont l'avenir s'assombrit... Avec "Night Moves", Kelly Reichardt signe un film qui s'apparente à un brûlot écologiste...

Trois activistes, aux personnalités diverses et parfois troubles, s'associent pour commettre un attentat écologiste contre un barrage hydraulique dans l'Oregon. Les dommages causés ne devaient être que matériels...

Kelly Reichardt nous lance rapidement dans le vif du sujet, nous assistons aux préparatifs puis à l'exécution de l'attentat, nous suivons enfin le contre-coup ressenti par chacun des trois protagonistes... L'un ne sera plus visible, nous l'écouterons seulement au travers de communications téléphoniques, comme pour nous signifier son parfait détachement.

Les deux autres, dont on pouvait penser un moment qu'ils étaient en couple ou en passe de l'être, vont s'entredéchirer.

On retrouve la caméra incisive et intimiste de la cinéaste indépendante, on retrouve sa liberté de ton et sa manière très personnelle de rythmer ses séquences.

Ses thèmes et son cadre de prédilection ressurgissent également, la nature malmenée et le capitalisme dominant, dans un état d'Oregon auquel elle semble décidément attachée.

Night Moves est bien une chronique aux allures de thriller découpée dans un monde observé avec acuité. Mais sans conclusion, sans parti pris. On a la sensation que la cinéaste s'est étonnamment engagée à ne pas s'engager, obéissant à des règles de réserve voire de censure qu'elle s'est elle-même imposée.

Ce choix est évidemment respectable mais à l'heure où l'urgence écologique est prégnante, n'est-il pas nécessaire que les intellectuels et les artistes, figures de proue de notre Humanité, s'impliquent de manière évidente, loin de tout dogmatisme politique et de tout calcul électoraliste ?...