Je me suis dis que j'aimais bien ce qu'avait fait Maïwenn dans ses premiers films et je n'étais donc pas mécontent quand Twitter m'a imposé Mon Roi comme film du soir. Je me suis dit qu'un film français d'auteur me ferais du bien, je me sentais capable d'encaisser un drame…


Et j'ai eu envie de crier. Surtout vers la fin ; uniquement sur le scénario.
L'un des avantages quand on n'est pas dans une salle de cinéma, c'est de pouvoir insulter son écran.


Donc Mon Roi, c'est Tony, une avocate parisienne qui ne travaille jamais (on m'a menti sur les avocates, j'aurais dû faire du droit) qui, en se remettant d'un accident de ski en rééducation repense à son histoire d'amour avec Georgio, un enfant de 35 ans joué par Vincent Cassel.
C'est une femme qui rêve d'un prince charmant, c'est un grand con immature qui veut continuer à vivre malgré son engagement, ça finira mal et dans cette lente agonie du couple ils entraineront les spectateurs avec un chapelet de clichés.
J'aurais préféré m'ennuyer.


Car Mon Roi, c'est avant tout une absence totale de personnages. Qui sont ces gens ? Que font-ils dans la vie ? En dehors de leur couple le monde ne semble pas exister, ne pas avoir d'emprise sur eux. Ce n'est qu'Emmanuelle Bercot (inégale) et Vincent Cassel (plutôt bon, pour le coup) qui se prennent la tête dans leur 175 m² parisien, qui dépensent sans compter, qui efface le passage des huissiers en 45 secondes (supprimant un possible ressort narratif).
Et cela n'est pas arrangé par la caméra de Maïwenn qui semble juste faire des champs/contre-champs et des plans d'ensemble. On ne sent pas de coup d'œil, pas de recherche de composition, juste une création artificielle.
Tony et Georgio, ce sont des archétypes qui jouent à "faire semblant". C'est pourtant le cœur du film.


Parce que le reste… Le reste est bien. Le court métrage qui commence affreusement (avec une "psychologue" qui vous fera sortir du film avec sa théorie du genoux) et qui raconte la rééducation de Tony est bien réalisé, inspiré, prend du temps et de l'ampleur, est ancré dans le concret et dans la réalité d'un personnage.
Tony-blessée et Tony-souvenir semblent dissociée et c'est peut-être l'intention derrière cette absence de personnage, ces ombres mouvantes que nous servent les flashbacks. L'absence de personnage est peut-être lié à leur formulation intra-diégétique ; le résultat chiant comme la mort.


Mon Roi est une histoire simple, écrite de façon compliquée, et mal racontée. On sent que Maïwenn aime ses acteurs et travailler avec eux car la direction est impeccable, mais l'absence de personnages empêche l'édifice d'avancer.

OrCrawn
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le 14 janv. 2017

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