Paradoxalement, malgré tout ce temps que je passe au cinéma, c’est une chose assez rare que j’attende réellement et impatiemment un film, des mois et des mois à l’avance. Cette pratique ("l’Attendage-De-Pied-Ferme-Un-Film") est une pratique que j’essaie en général d’éviter, car je la juge trop dangereuse (à trop attendre un film c’est le risque de justement trop en attendre et en être déçu). Moi en matière de cinéma je suis quelqu’un de prudent, j’évite tout danger inutile. Enfin je fais mon malin, mais je me suis pourtant fait avoir deux fois ces derniers temps, pour Asphalte (qui s’en est merveilleusement bien tiré) et pour Mon Roi, donc.


Mon Roi, de Maïwenn, cette réalisatrice que je ne connais pas plus que ça, mais que j’apprécie beaucoup. Avant ce film, je n’avais vu qu’un film et demi d’elle (oui, oui… foutue box Internet), mais assez pour réaliser que j’aime ses choix d’acteurs, sa façon de les filmer, ses choix musicaux.
J’ai apprécié la moitié que j’ai vu de son bal des actrices et tellement aimé sa façon de montrer le quotidien de la brigade de protection des mineurs, dans le sublime Polisse. Vous ajoutez à ça une très efficace bande annonce sous fond du morceau Easy (j’en profite pour vous conseiller l’album Lanterns, du groupe Son Lux) et voilà, il ne m’en fallait pas plus pour être atteint de ce fameux "ADPFUF" (pour les intimes).
Mais au final sans conséquence négative, tellement j’ai passé un bon moment devant ce film.


Mon Roi, c’est donc l’histoire d’une relation passionnée et passionnelle entre Giorgio et Tony, deux personnages que pourtant tout oppose. Tout du moins dans leur vision du couple, qui après des débuts euphoriques, se révèle être radicalement différente. Giorgio recherchant les courbes de l’électrocardiogramme, Tony ayant davantage besoin de la régularité de la ligne horizontale.
Le début du film commence par un accident quelque peu énigmatique, celui de Tony, qui sera le personnage central de cette histoire.
Ensuite nous alternerons durant tout le film entre la période de réadaptation suite à cet accident et son genou cassé (que nous appellerons le présent) et l’histoire de son idylle avec Giorgio, à partir de leur rencontre dans une boîte de nuit (le passé).
Que ce soit dans le passé ou le présent, Maïwenn nous fera osciller habilement entre légèreté et souffrance.
Au présent la légèreté des scènes avec les jeunes pensionnaires du centre avec lesquelles elle se lie d’amitié, avec en opposition la souffrance physique qu’elle éprouve lors des séances de réadaptation.
Au passé cette relation qui alterne souvent entre les rires et les larmes, entre le bonheur et la souffrance (morale cette fois). Lors de ces scènes, il y règne une remarquable intensité. L’humour et l’amour peuvent laisser place subitement à une tension relativement forte. Et c’est terriblement réaliste.


Les deux acteurs principaux sont d’ailleurs bouleversants de justesse.
Cassel en charismatique « roi des connards » et Bercot en déchirante « femme normale ».
Et Louis Garrel équilibre le tout avec merveille, dans le rôle du frère de Tony.


Bon bah voilà, au même titre que Asphalte il y a quelques jours, Mon Roi fait une entrée fracassante (et même ‘’tony’’truante, désolé) dans mon top 10 des meilleurs films 2015.
Et vivement le prochain, Maïwenn ! Je l’attend déjà impatiemment. Des deux pieds fermes si je puis dire ! (Et tant pis pour le danger que cela représente)

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le 30 oct. 2015

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Jé en vert

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