Metropolis
8.1
Metropolis

Film de Fritz Lang (1927)

Autant fascinant qu'il est fascisant

Un film fascinant d’une mise en scène incroyablement riche et dynamique, qui regorge d’idées cinématographiques, sans s’inscrire tout à fait dans l’expressionnisme. La musique et les images vont si bien ensemble que c’en est un film parlant.

Cependant, il est important de souligner le message fascisant de cette œuvre.


Dès la première croix, on comprend que le film ne sera politiquement révolutionnaire.

Les cerveaux resteront cerveaux, les mains resteront mains, mais l’opium de la foi fera son effet. Les ouvriers doivent apprendre à aimer l’autre, aimer le monde tel qu’il est établi et donc accepter d’être dominés.


La scène où l’ingrat savant poursuit avec sa lampe torche la belle saint est dans ce même esprit. La science sans cœur poursuit de sa Lumière la religion pleine de pureté afin de la sacrifier au nom de l’être-machine.

Cette Maria corrompue appellera à la révolte prolétaire, alors que « la vraie Maria prêche la paix ».

Les notes de La Marseillaise quand Maria devient maîtresse des foules en colère et bêtement manipulables n’est pas anodine. La Révolution française a traumatisé, et traumatise encore, les réactionnaires de tous les pays.

C’est, sur le fond, du parfait anti-Eisenstein.


Freder, le personnage principal, est quand à lui le « médiateur », c’est-à-dire la troisième voie entre capitalisme et socialisme, celui qui dépasse les clivages, idée constituant le cœur des doctrines fascistes.


L’autrice du roman dont est tiré le film deviendra une fervente nazie, pendant que Lang dira regretter le message du film et fuira l’Allemagne.

Même si cela ne s’invente pas, le film reste passionnant sous tous les aspects.

lecleme
9
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le 24 nov. 2022

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lecleme

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