La Maison des bois
8.5
La Maison des bois

Série ORTF (1971)

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Dès 1971, Pialat nous prouve que non, le genre de la série télé n'a pas à être médiocre ou spectaculaire. Il l'est actuellement car les conditions d'existence de ce genre l'exigent. Voilà ce que pourrait (ou devrait) proposer le service public : rechercher l'art et pas l'annonceur.


La série de Pialat, c'est une même oeuvre humaine, sensible, réelle étendue sur sept heures. Il n'y a pas de cliffhanger à la fin des épisodes, comme il n'y en a pas dans la réalité. Chaque épisode est tout simplement un nouveau jour. Mais ce n'est pas pour cela que rien ne bouge. Au contraire, on sent les choses venir. Que ce soit la guerre lointaine, la lettre d'un père absent, l'arrivée des deux parisiennes. Tout nouvel élément nous tombe dessus comme il tombe sur les personnages, impossible à éviter. Rarement le point de vue d'un enfant n'aura été si bien traduit, si ce n'est par Kiarostami par exemple. Mais on pourrait dire de même pour la tendresse de ce couple s'occupant des enfants. Il y a une universalité dans cette série, ainsi c'est une oeuvre d'art. Je suis convaincu que cette universalité vient en grande partie de la spontanéité des acteurs. Avec une pensée particulière à ce vieillard travaillant auprès de "monsieur le curé" qui est souvent à jouer avec les enfants, il est incroyablement touchant.

Mes camarades l'ont déjà fait ici, alors je ne reviendrais pas sur les décors et les plans, qui sont de véritables tableaux impressionnistes.


Bref, cette série photographie (ou peint) tous les thèmes des années de la Grande Guerre : éducation, patriotisme, campagne, ville, paysannerie, bourgeoisie, enfance, solitude, famille, ... tout en les projetant sur l'autel de l'humanité.


Pour finir sur un point subjective, j'ai fondu en larmes lorsque le fin de générique du dernier épisode a retenti. Des dizaines de pensées et d'émotions ont explosé dans mon esprit. Beaucoup de sentiments refoulés sans doutes, car cela ne m'était jamais arrivé devant un film (contrairement à la musique). Pialat m'a touché, son impressionisme s'est matérialisé.


Ou peut-être pleurais-je car j'ai à cet instant perdu l'espoir de ne jamais revoir une série d'une telle beauté ? Vais-je finir comme Maman Jeanne à cette idée ? A suivre...


lecleme
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le 15 août 2022

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