Avec ce titre digne de la collection Delly, j’aurais du me méfier ! Cela aurait pu s’appeler «Marvin et le roseau brisé » ou encore « Marvin entre deux âmes » ou bien « Marvin et le sultan » euh non rien à voir là… Bref ! Par quoi commencer ?


La genèse peut-être. Anne Fontaine voulait à l’origine adapter le roman plutôt efficace « En finir avec Eddy Bellegueule » d’Edouard Louis. Visiblement il y a eu désaccord, l’auteur se désolidarisant des idées de la réalisatrice. Bien lui en a pris au regard de ce que l’on voit à l’écran, une espèce d’énorme chamallow scénaristique où la trame d’Eddy Bellegueule se retrouve mêlée à des souvenirs personnels d’Anne Fontaine, le tout couronné avec une incrustation d’Isabelle Huppert jouant son propre rôle ! Hallucinant ! (Isabelle Huppert, qu’es-tu allée faire dans cette galère, c’est ton 1er impair). La subtilité du script quant à elle est aussi vaseuse qu’un roman feuilleton du 19ème siècle (on se situerait entre « La porteuse de pain » et « Sans famille »). Tout y est pour faire pleurer dans les chaumières, euh pardon dans les chaumines (le terme est plus adéquat). L’amoncellement d’idées toutes faites, de situations cul-cul la praline et une mise en scène non pas explosive mais explosée (les flash-back continuels deviennent pénibles à force) viennent trahir ce qui faisait la force du roman d’Edouard Louis, l’ultime cri du cœur et de rage d’un jeune homme avant de vivre enfin. Là la Marvin, il lui faudra du temps pour décoller la pulpe !


Les acteurs posent également problème. Finnegan Oldfield qui jusque là a fait un parcours sans faute (« Les Cowboys » ou encore « Nocturama ») semble survoler son personnage, raide comme la justice, il grime le drame, ni complètement dedans, ni complètement ailleurs. Vincent Macaigne fait pitié par tant de maniérisme. Seuls Grégory Gadebois, Jules Porier et Catherine Mouchet apportent une dimension sincère et crédible à leurs personnages.


Si l’on ajoute à cela une direction de photo hasardeuse et souvent hideuse, un montage bien marqué, et une musique des plus sirupeuses… on se dit que le film est totalement raté. En soit ce n’est pas grave.


Le seul problème est qu’excepté « Les innocentes », Anne Fontaine construit une œuvre plutôt mal fagotée, avec une vision un brun snobinarde (elle est très condescendante je trouve) et ne suscite que peu l’intérêt ni de la critique, ni du public… Besoin d'un petit nettoyage à sec ?




Mon avis sur le roman Pour en finir avec Eddy Bellegueule

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le 28 nov. 2017

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Fritz Langueur

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