Il devient exténuant de voir des films comme Marvin sortir encore de nos jours. Une enième prise de conscience qui tente le carte du portrait pour nous faire passer les figures habituelles du genre, avec quelques subtilités pour tout de même faire illusion. On sent tellement la volonté de faire quelque chose de "réel" que chaque situation devient lourde, insistante, à peser sur des détails qui en deviennent lourds de sens. On a alors la sensation non pas d'être dans une oeuvre documentaire, mais dans une immersion télé à sensation, avec les exagérations qui vont avec. A ce titre, la scène des frites vaut son pesant de cacahouètes, le zoo de la province nous étant offert sur un plateau.
La belle éducation veut marquer une intégration de l'homosexualité et la mettre au coeur du développement de Marvin, mais l'homosexualité n'est toujours vue que comme la seule et unique forme d'accomplissement pour Marvin. En se calant sur cette voie, le film réussit surtout à valider un cliché : le théâtre est un truc d'homo (voir l'ahurissant ballet d'exposition que regarde Marvin, qui consiste en une succession ininterrompue de scènes sexuelles homo, où l'art est totalement oublié au profit du fantasme intello). Le reste du programme n'offre finalement pas beaucoup de relief, quelques idées intéressantes (vouloir faire primer l'art sur le piston) qui restent dans le fond et offrent finalement un parcours lambda malgré le prestige des contacts (Isabelle Huppert, dont le jeu dans sa séquence théâtre flirte avec la caricature), dans un film à la capacité émotionnelle trop calculée pour être payante. Il n'est pas poli de se moquer d'une oeuvre, mais Marvin tend trop souvent la perche pour résister à la tentation. A vouloir rester dans le réalisme tout en parlant de théâtre, le film finit lui même par devenir un genre de théâtre du réel, exagéré et sans ambiguïté malgré les nuances qu'il veut souligner.

Voracinéphile
3
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2018

Critique lue 690 fois

8 j'aime

6 commentaires

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 690 fois

8
6

D'autres avis sur Marvin ou la belle éducation

Marvin ou la belle éducation
seb2046
7

Ressources humaines...

MARVIN ou la belle éducation (14,8) (Anne Fontaine, FRA, 2017, 113min) : Sensible plongée dans la vie de Marvin, jeune adolescent qui a fui sa famille vivant dans un petit village des Vosges pour...

le 23 nov. 2017

11 j'aime

4

Marvin ou la belle éducation
Gauvain
5

Marvin gay

Marvin (d'après "En finir avec Eddy Bellegueule") : pas vraiment un mauvais film ; il y a des passages réellement émouvants ; et pas mal de très bons acteurs. Dans le rôle titre, Finnegan Oldfield...

le 26 nov. 2017

10 j'aime

3

Marvin ou la belle éducation
Voracinéphile
3

L'homosexualité, mode d'emploi

Il devient exténuant de voir des films comme Marvin sortir encore de nos jours. Une enième prise de conscience qui tente le carte du portrait pour nous faire passer les figures habituelles du genre,...

le 7 avr. 2018

8 j'aime

6

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

99 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36