C'est après voir vu Une fille dans chaque port, de Hawks, que Pabst décide d'engager Louise Brooks, plutôt que Marlene Dietrich, pour son adaptation de deux pièces du dramaturge allemand Wedekind. Et c'est ainsi qu'une icône nait. Scandaleusement belle, scandaleusement immorale, scandaleusement libre : la Loulou de Pabst outrage les bonnes moeurs (ne séduit-elle pas un père et son fils, n'entretient-elle pas une relation homosexuelle ?). Le côté sulfureux et érotique de la chose semble bien dépassé aujourd'hui mais, dans l'Allemagne pré-nazie de 29, on ne plaisante pas avec ça. Résultat : le film est mutilé au mépris de toute chronologie. Il faudra attendre 1980 pour qu'une restauration soit présentée dans sa version originelle de 2h12. Dans le film, Louise Brooks oscille entre la femme fatale et la jeune fille (presque) innocente et victime. Elle a plus qu'un point commun avec la Nana de Zola, d'ailleurs adaptée par Renoir, deux ans plus tôt. Quant au style de Pabst, il appartient davantage à l'école réaliste qu'à l'expressionnisme, hormis les dernières séquences brumeuses de Londres.

Cinephile-doux
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le 10 sept. 2019

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