Ils veulent toujours gagner 100 patates mais ne réinventent pas la roue.

Après 9 ans d'absence, les héritiers Latour reviennent dans les salles obscures.
Et il n'y a qu'à jeter un coup d’œil à l'affiche des "Trois Frères : Le Retour" pour s'en rendre compte, ils n'ont quasiment pas changé. Du propre aveu de leurs créateurs, le contraire était de toute façon impensable.


A l'annonce de ce nouveau projet des Inconnus, j'étais plutôt partagé. Les déclarations successives de Bernard Campan laissaient déjà entrevoir un script crispé par la peur de l'échec. Il FALLAIT être aussi drôle que le premier. Il FALLAIT ne pas foirer comme les Bronzés 3. Il FALLAIT toucher les nouvelles générations pour convaincre Wild Bunch de la viabilité d'une telle suite.


Autant dire qu'à la fin de la projection, je suis sorti exactement comme j'étais venu : mitigé.


C'est vrai, Bernard, Didier et Pascal forment toujours une fratrie loufoque et attachante. Ils entretiennent encore cette rivalité qui les conduit à se mentir et à se dérober à la première occasion. Et ils ont à nouveau "over besoin de thunes sinon à donf dans la merde".


Mais leurs frasques ont perdu leur culot et n'étonnent plus. Les gags se basent à nouveau sur des histoires d'héritage, de drogue, de racisme et d'affecte. L'audace de nouvelles mimiques et répliques ne se manifeste que très rarement. Quand elle le fait, elle emprunte le plus souvent à des sketchs antérieurs du fameux trio comique ou au Vilain d'Albert Dupontel. Plus triste encore, certaines séquences pratiquement identiques se répètent.


D'autre part, si l'original des Trois Frères était véritablement sans temps mort, ce successeur accuse quelques problèmes de rythme. Plusieurs passages s'attardent platement sur les démêlés avec la maison de disque de Josy Latour et ne font ni rire, ni avancer le récit.


Enfin, l'ensemble n'est pas aidé par le personnage de Sarah, omniprésente, à qui il aurait mieux valu préférer Mickaël. Tamponnée en tant que racaille stéréotypée de banlieue, elle rappelle très fortement Walid Afkir dans les Rois Mages. Sauf qu'à l'inverse de celui-ci, elle n'est jamais drôle et contribue à alourdir la mise en scène.


C'est dommage, il y avait tant à faire avec la situation de comédien raté de Bernard, la relation de Didier et de son fils (ici très survolée) ou la pseudo-bourgeoisie de Pascal. Ne vous y trompez pas, j'ai ri et souri pendant la séance. Fan inconditionnel je suis, et fan inconditionnel des Inconnus je resterai.


A juste titre et comme beaucoup l'ont écrit, si vous avez aimé l'original vous aimerez la suite. Elle mérite votre attention.


Parce que ça fait plaisir de voir toutes ces références à un vieux film qu'on a vu et revu. Parce que ça fait plaisir de voir ce que sont devenus nos trois gugusses. Et parce qu'ils ont tellement de talent qu'on ne saurait en rester là et ne pas exiger d'eux qu'ils écrivent un nouveau spectacle, qui, on l'espère, aura la plume un peu plus libre.


Deux demi-frères, ça n'a jamais fait un frère.
Et ce demi-film ne fait pas un film, mais un bon moment quand même.

JulianDesjardin
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le 26 janv. 2014

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le 26 janv. 2014

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JulianDesjardin

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