Au cœur du film de Jean Chapot s’expriment le climat rugueux du haut Doubs et ses habitants de fort tempérament habitués à composer avec la rudesse de leur région en s’entraidant dès que possible. Contrairement à leurs homologues citadins, brûle encore dans leurs âmes cette dignité qui forge leurs principes en béton armé que seul un amour maternel, ne souffrant d’aucun compromis, peut parvenir à courber lorsque le temps vire à l’orage.


La tempête prend les formes d’une touriste mise à mal sur leurs terres, celles qu’ils jurent hospitalières. Pour dénouer le sac de nœud entourant la mort de la malheureuse, un juge de la ville est lâché en pleine campagne, uniquement armé de son zèle maladif pour tenter de balayer la neige abondante de la région qui brouille les quelques indices trouvés sur le lieu du crime.


De ce pitch très classique naît un face à face captivant. Entre Alain Delon et Simone Signoret, c’est une électrique compassion qui s’installe, un duel mêlé de suspicions et d’un profond respect. Une fascination mutuelle due au fait qu’ils sont parents tous les deux. S’il est évident que le flic condamne les agissements d’une mère qui tord le coup à sa droiture par amour pour ses rejetons, il peut toutefois dans le même temps comprendre le geste.


Mise en scène presque monocorde, narration linéaire sans anicroche, tout est très académique dans ces granges brûlées et pourtant une certaine fascination émane de l’écran. Un mélange de tempéraments finement ajusté, qui rééquilibre une balance qui tangue lorsque la partie enquête laisse place aux petits drames familiaux qui la rendent difficile. C’est peut être là que se trouve la limite du film, dans les à côtés de la rencontre Delon / Signoret, qui peinent à se hisser à la hauteur des deux monstres sacrés à l’affiche de cette bobine imparfaite mais intéressante.


Les granges brûlés n’est certainement pas une pépite oubliée, mais un bon moment qui fera, à coup sur, le bonheur des amoureux du cinéma français des années 70, de ses ambiances si particulières et de ses fins puissantes.

oso
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le 30 juin 2015

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