C'est curieux. J'ai presque été indifférent à ce film. Presque. En fait, je pense que j'avais tellement gerbé le précédent (sans m'y attendre, puisque le premier m'avait laissé un souvenir tolérable) que je me préparais à cracher des flammes sur celui-ci comme l'anus du phénix sur l'affiche. Donc forcément, j'ai mis six mois à me motiver pour le voir. Et au final, c'est mauvais. Quelle surprise. Histoire de rationaliser un peu tout ce merdier, j'ai isolé les raisons suivantes :

-Une absence de rythme assez inquiétante pour un blockbuster fantastique.

-Des arcs narratifs rendus totalement inutiles. Queenie aura finalement changé de camp sans jamais que ça produise le moindre enjeu dramatique. Super. On s'attendrait à retrouver Theseus endeuillé par la mort de sa fiancée ? Que dalle. Leta est à peine mentionnée dans ce nouveau film. C'était bien la peine de nous la faire caner.

-Du damage control à l'arrache pour éponger la pisse du film précédent. Sauf que forcément, ça ne suffit pas à redresser la barre qui ressemble de plus en plus à une spirale infernale vers un gros vide narratif. Exemple parlant, ce bon Yusuf Kama est toujours aussi peu nécessaire à l'intrigue.

-Du damage control à l'arrache pour contenir le tombereau de controverses autour de la franchise. Johnny Depp remplacé par Mads Mikkelchou (qui fait du bon boulot avec ce qui lui a été refilé, le pauvre), Ezra Miller pas remplacé (moi non plus, je ne comprends pas trop) mais bien minimisé au montage, Katherine Waterston réduite à un caméo dérisoire (officiellement à cause de l'incompatibilité de son emploi du temps, mais peut-être aussi parce qu'elle a fermement marqué son opposition aux sorties transphobes de JK Rowling). En effet, ça fait beaucoup.

Bref, Fantastic Beasts troisième du nom est un navire de prix laissé aux mains d'armateurs négligents, et qui prend l'eau de tous les côtés en emportant avec lui un casting pourtant talentueux. Je continue pour ma part de lamenter le peu de substance apporté à Dumbledore, joué par un Jude Law pourtant rêvé pour le rôle. Je l'avais toujours eu en tête pour une version rajeunie du barbu, et l'annonce de son casting est à ce jour le seul exemple d'une institution Hollywoodienne confirmant l'un des mes fantasmes personnels. J'étais heureux. Et puis j'ai vu le deuxième film. Law fait du bon boulot quand il en a la possibilité, apportant cette bienveillance décalée qui colle au personnage, mais à laquelle le scénario indigent ne permet jamais de briller. Quel gâchis.

Tant bien que mal, je retiendrai de ce troisième opus sa confirmation plus directe du passé romantique entre Dumby et Grindelounet (mais qu'il aurait fallu utiliser pour créer de vrais enjeux plutôt que pour nous vendre un pendentif pour Noël), et l'explication (enfin !!!) assez recevable de la fameuse mort de la petite sœur de Dumbledore. Pour le reste, il est consternant de voir que les animaux éponymes ont désormais tout du prétexte pété pour relancer des intrigues poussives. Après les taupes cleptomanes et les chats sataniques des archives parisiennes, cette fois, il y a... un bambi ensorcelé (le "Qilin", prononcé "tchillinne") qui va servir à truquer les élections au Ministère de la Magie.

Wow.

Alors...

Premièrement : pourquoi justifier ce scénario bidon en inventant une toute nouvelle bestiole (parce que c'est le cas, j'y reviendrai) alors que les licornes sont déjà censées détecter la pureté ? En plus c'est classe, les licornes. Et on ne les voit jamais, à part pour le cadavre qui sert de Powerade à Voldemort dans la forêt du premier film. Harry Potter est une des rares franchises à succès où les licornes existent sans jamais qu'on en voie la couleur. Blanc, je suppose. Mais quand même, montrez-les. Même pas besoin d'effets spéciaux, vous scotchez un Cornetto sur un poney et boum, tout le monde est content.

Deuxièmement : on nous vendait une grande chasse au Pokémon dans les années 30, pour finalement rediriger tout ça (à la truelle maniée les yeux bandés) vers une allégorie du fascisme plutôt... bête. Installer l'histoire durant la montée du fascisme et inclure deux personnages qui s'appellent Goldstein, ça créé forcément un tas de questions bien délicates. Comment le monde magique a-t-il vécu l'Holocauste ? Est-ce que des sorciers ont collaboré ? Est-ce que d'autres ont été déportés ? Or, pour JK Rowling, l'antisémitisme et le racisme ne semblent jamais être présents dans le monde magique, hors du rejet des Moldus et des "sang de bourbe" car, c'est bien connu, il ne peut exister qu'un seul type de discrimination à la fois dans une société. C'est parfaitement logique, oui oui oui. Tout comme le fait que le sorcier facho veuille asservir les Moldus et... éviter la Seconde Guerre Mondiale ???? Parce que les sorciers avaient pu la prévoir, justement ? Et qu'ils ont décidé... de ne rien faire, du coup ? Non mais tu t'entends penser, Djaykay ? Tu aurais peut-être mieux fait de te concentrer sur des préquels consacrés à Dumbledore, tu ne crois pas ? Ah mais, suis-je bête, c'est vrai que ça n'aurait pas permis de booster les ventes du bouquin préexistant des Animaux Fantastiques. Bouquin que le Potterhead endurci que j'étais avait d'ailleurs dévoré avec ravissement durant ses années d'école primaire. Et dans lequel le Qilin n'apparaît pas, bizarrement. Peut-être parce que, dans la campagne anglaise, il est plus connu sous le nom de... MacGuffin ? Hum. #justiceforunicorns

Créée

le 6 févr. 2023

Critique lue 69 fois

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Orpheus Jay

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