J’imagine qu'il faut expliquer le titre.

Je dois bien l'avouer des claques (cinématographiques, s'entend), j'en ai eu quelques unes, mais dans un film aussi récent (des années 2000), presque jamais. Pour mettre tout ça en proportion, j'en suis à plus de 800 films vus dans cette décennie, seuls deux 10 comptabilisés (avec Chihiro).

Donc vous l'aurez compris, ce film m'a vraiment, beaucoup, énormément plu. Je l'ai trouvé splendide, majestueux, brillantissime. Très lent sans être un poil long ou ennuyeux, on a le temps de contempler.

Par exemple toutes ces scènes de la vie quotidienne qui pourraient paraître insignifiantes, si ce n'étaient celles de la vie de l'homme le plus important du Japon, vénéré comme un Dieu par les autres japonais, vu comme un ennemi vaincu par les américains qui occupent son pays. On vit dans ce film tous les évènements qui se passent juste post-Hiroshima, jusqu'au moment où cet empereur va renoncer à son statut de dieu vivant qu'il a dans tout le Japon. Ces évènements sont donc des simples moments de la vie quotidienne ou des discussions avec le général américain chargé de le faire signer la reddition du Japon.

Ou alors contempler une mise en scène si énorme, que chaque plan, chaque travelling revêt une signification particulière. La caméra sait nous montrer tout ce qu'elle veut, de la manière la plus simple et la plus parfaite possible, cet homme entouré de ses gens qui le vénèrent comme un Dieu alors que lui-même ne pense qu'au bien-être du Japon, et ne se considère lui-même pas plus qu'un autre ; ou alors par les américains qui au contraire le sous-estiment totalement, ne le voyant que comme un simple dictateur, alors que comme il le dit si bien, tout ça n'était que calcul pratique et (presque) neutre

On peut aussi contempler la magnifique, extraordinaire, éclatante photographie du film signée par Sokourov lui-même. Je crois d'ailleurs que cet élément est vraiment un point extrêmement important : rares sont les réalisateurs qui s'occupent eux-mêmes de la photographie de leur films, mais ici c'est le cas et ça se voit, la symbiose qui existe entre la mise en scène et la photographie est tellement parfaite que quand j'ai lu dans les premières secondes du générique de fin la double casquette de Sokourov, ça a tout de suite été plus clair, rapport à ce maestria que j'avais devant les yeux durant tout le film.

Et puis aussi on peut contempler la puissance toute simple (un peu paradoxal tout ça, c'est vrai) de l'histoire, c'est juste celle d'un homme qui apprend à renoncer à lui-même pour le bien de sa nation, et bien que cette même nation ne le veuille pas du tout (vous comprenez, un dieu vivant est bien plus important qu'un pays entier). Et ça, c'est fichtrement beau. En plus, l'acteur qui joue le personnage principal est tout simplement bluffant, un des plus beaux jeu d'acteur que j'ai vu, extraordinairement maîtrisé en toute sobriété, jouant particulièrement à la perfection les tics faciaux paraissant ainsi tellement naturels. Cet acteur m'a bouleversé.

Donc voilà, je le répète une putain de claque cinématographique, ma plus belle des années 2000 so far (si on excepte Le voyage de Chihiro, mais ce n’est pas la même chose)

PS : je vais dédier cette critique à mon prof de cinéma qui m'a conseillé ce film, je ne le remercierais jamais assez, et aussi à Senscritchaiev et Bestiol qui m'ont poussé à compléter cette critique (au début il n'y avait que le titre), je crois que sans leurs commentaires, je ne l'aurais jamais fini je pense.
Northevil
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le 17 janv. 2013

Modifiée

le 2 févr. 2013

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Northevil

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