Je dois avouer que, comme beaucoup de gens je pense, la première fois que j'ai vu la bande-annonce de ce film, je ne m'attendais pas à découvrir une œuvre aussi exceptionnelle qui fait déjà partie de mes préférées de l'année. Je ne pensais même pas aller le voir au début, m'attendant à un film pour ado basique et sans envergure. Vous imaginez alors ma surprise lorsque je l'ai vu mis en priorité dans leur couverture par les Cahiers du cinéma, magazine auquel je suis abonné cette année (information utile, n'est-ce pas ?)

Après avoir lu leur critique dithyrambique, il est tout de suite devenu la priorité n°1 de mes prochaines sorties au cinéma. Dès le lendemain, je suis donc aller le voir, et il faut bien dire que ce fut loin de ce que je m'attendais au départ, au final un de mes plus beaux chocs cinématographiques de l'année, une très belle surprise.

D'abord par l'extrême contraste (aperçu dans la bande-annonce celui-là quand-même) entre la vision festive et délurée du fameux spring break, sorte de catharsis des jeunes qui vont passer quelques jours complètement déconnectés de la réalité, enchaînant beuveries, drogues et roulages de pelles en règles, et la vision plus critique et cynique d'une Amérique totalement sombre et détruite (néanmoins tout aussi festive et délurée par bien des aspects), alternant fusillades, destruction et sexe beaucoup moins adolescent. Harmony Korine livre une œuvre à la fois excitante et désabusée, totalement en conscience de son époque.

Les quatre actrices sont exceptionnelles, incarnant différents aspects de l'adolescente américaine, de la jeune catholique quelque peu introvertie qui voudrait s'affranchir de sa condition sans toutefois jamais être capable de se libérer totalement, aux délurées totales et légèrement destructrices qui cherchent elles à tout prix à voir et à vivre autre chose que leurs petites vies d'étudiantes, d'abord à travers ce spring break où l'une d'entre elle va jusqu'à tester ses propres limites lors d'une scènes où elle provoque à fond un mec et où l'on ne sait jamais jusqu'où elle va aller avec lui, testant ses propres limites (on voit d'ailleurs que Korine va jusqu'à déshabiller sa propre femme, preuve de sa capacité à vouloir produire une œuvre particulièrement acide). Et ensuite dans la deuxième partie où l'on découvre non plus des adolescentes en quête de sensation fortes mais des personnes qui n'ont qu'une envie aller, le plus loin possible, quelles qu'en soit les conséquences. Toutes ces actrices m'ont bluffé, se montrant capables de se détacher totalement de leurs images préconçues dues à leur précédents rôles et leur appartenance à la marque Disney ou à une série pour ado par excellence (dont je suis il faut avouer particulièrement friand, un grand plaisir coupable), elles ne font aucune fausse note dans leurs jeux.

James Franco quant à lui incarne un dingue totalement barré, d'une manière totalement inattendue et subversive, il est juste génial. Ce qui est exceptionnel avec son personnage, c'est qu'il se détache totalement de tous ces faux Bad-boys qui ont une trop grande gueule sans rien derrière ou de ces purs salauds qui n'ont aucune considération pour les autres, il ne se la pète jamais trop, il défonce. Et Franco l'incarne à merveille.

Alors voilà, une petite perle de 2013 qui je l’espère fera longtemps parler de lui, j'ai été totalement conquis.
Northevil

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