Le Roi de cœur par Alligator
Doux éloge de la folie, ce film tente avec poésie et gentillesse de signifier que la barrière de la folie, de ce qui est fou ou pas, est d'une imprécision heureuse. A la fin, il apparait clairement que les fous ne sont pas les aliénés, que les rôles sont changés. Le dernier regard, mélancolique, de Brialy à la fenêtre en dit suffisamment long.
Peut-être qu'un léger rappel de l'histoire est nécessaire à ce stade. Pendant la guerre de 1914-18 un village est prêt d'être déserté par les troupes allemandes qui ont l'intention de le faire sauter en bourrant le blockhaus situé sur le place centrale d'obus et autres joyeusetés pyrotechniques. Les habitants fuient le village et dans la précipitation oublient les fous de l'asile d'aliénés. Ceux-ci sont libérés par un soldat écossais venu en éclaireur. Les fous investissent le village, prennent costumes des notables et reconstituent un monde bien à eux, loin du fracas de la guerre.
Le propos a de ce fait les allures d'une fable moraliste plus que d'un discours faisant loi bien entendu. Il y a bien évidemment une note de naïveté charmante. Comme tout conte qui se respecte, la part édifiante est plutôt souterraine mais n'en demeure pas moins efficace.
Sous ses airs de grande absurdité agitée, le film est un carnaval plein de liesse et de mouvement dans un monde de brutes.
La floppée d'acteurs remplissent l'espace laissé par les bandes du cinémascope et colorent de milles feux la photographie. C'est amusant et le plaisir de découvrir un monde délicat et rêveur est sans cesse renouvellé. Le monde de De Broca...