Une histoire de fous. Magical Village Tour. Toquémon GO!

"En cette période trouble, sombre, à l'heure où notre monde semble aller droit dans le mur, où l'humanité tend vers une folie aveugle, se détruisant à petit feu, où les individus perdent toute lucidité..." Je venais de voir au hasard ce film de guerre de Philippe de Broca grâce à TV5 Monde et je tombe juste après sur cet extrait de texte très adéquat d'un membre de SC (nico94/Nicolas Poujol) au sujet de La Panthère des Neiges de Marie Amiguet, Vincent Munier et Sylvain Tesson.

Juste quelques remarques dans un ordre irrationnel:

  • il repasse le 28 juin et 04 juillet sur TV5 monde où il me semble aussi en replay gratuit.
  • il m'a totalement embarqué même si j'ai eu un coup de mou au 3/4 mais ça repart...des occupants d'un asile sont libérés par accident en pleine première guerre et finissent confondus avec des villageois habituels qui, eux, se sont enfuis...Je me demande d'ailleurs comment des aidants d'handicapés ou des employés d'asiles, font pour tenir aussi longtemps, alors que 80 minutes avec eux m'a épuisé, même si souvent exalté.
  • l'histoire est folle mais moins folle que nos actualités ou la guerre elle-même, ce qui semble finalement être la métaphore du film dont la fin fait perdre le sourire et fait voir tout le reste du film sous un autre angle: un twist explicatif qui fait tomber les écailles des yeux.
  • tout ce théâtre et ces tarés , le sont moins que tous ceux qui se prétendent normaux et intégrés.
  • en plus, c'est basé sur une semi histoire vraie de fous échappés d'un asile qui se sont intégrés très vite, ni vus, ni (re)connus dans la ville où leur asile se trouvait.
  • qui sont les plus fous, ceux qui s'échappent d'un asile, ou ceux qui organisent la Première Guerre Mondiale et envoient sciemment des ados se faire tuer? Mes professeurs d'histoire au collège et Lycée, eux-mêmes me disaient que des Généraux étaient des sots, voire des psychopathes. Je n'ai jamais oublié le regretté Claude Rich dans le film de Bertrand Tavernier demandant à ses jeunes soldats pourtant bien occupés et fatigués, de chasser et de lui ramener la tête d'un sanglier; Claude Rich criait comme un maniaque, demeuré: "la hure! la hure!", où, imbécile aussi, j'apprenais ce mot.
  • au quotidien, et surtout au travail, on joue tous un rôle: les fous du film, se trouvent un rôle dans la mini société qu'est ce village et ils arrivent à tromper quelques personnes; ils arrivent à faire bonne figure. Comme nous.
  • les animaux de zoo dans la rue et la tête d'Alan Bates découvrant ce monde, me rappellent Bruce Willis explorant le monde et croisant aussi des animaux de zoo dans L'armée des Douzes singes.
  • ce film m'a d'ailleurs aussi rappelé mes sensations à un autre Terry Gilliam trop méconnu, très bon mais parfois très pénible (surtout en salle): celui où Gilliam me faisait plonger dans l'univers, le monde et les jeux toute seule d'une petite fille orpheline dans Tideland. On partageait les fous rêves éveillés de cette enfant, comme on est invité de rentrer et vivre ici ceux de très grands enfants. Le Gilliam me faisait vivre le monde d'un enfant comme le de Broca nous fait rentrer chez les fous, les dévergondé(e)s, les débloqué(e)s, les azimuté(e)s
  • Et ces villageois me rappellent aussi un troisième Terry Gilliam où des villageois passent volontairement pour des fous car se déguisent en personnages, pour soutenir et aider les psychotiques en crise de leur village: c'est dans le difficile d'abord, mais plaisant une fois dedans, L'homme qui tua Don Quichotte. Thérapie depuis reconnue comme technique d'apaisement des psychotiques (voire aussi des amnésiques vivant dans une autre époque).

Comme eux, nous sommes nous-mêmes "insouciants du danger"actuel:

  • Comment ne pas nous reconnaître et nous voir en ces fous qui semblent comme nous "insouciants du danger" qui les menace...? Nous sommes en pleine guerre économique et surtout écologique (la n-ième extinction en cours...). Et on passe son temps sur SC...La population française et mondiale, certes ne retourne pas en asile jouer à des jeux de cartes et parler assis sur des lits, comme les fous du film, mais elle retourne sans cesse en salle à manger, pour jouer des heures et des heures de plus en plus nombreuses à des jeux vidéos échappatoires, bientôt avec casques immersifs...et sur leur temps libre, au lieu d'être assis sur des lits comme les fous du film à parler, ils parlent assis sur des sofas, sur les réseaux sociaux et à regarder télé et séries ad nauseam encore plus d'heures par jour.
  • les tarés du film "transforment la ville en immense terrain de jeu", comme de nos jours, nous faisons des escape game, nous parcourons la ville à la chasse de Pokemon virtuels apparaissant sur nos portables? ! ( Réalisé par Philippe de Broca en France&Italie en 1966 mais rendu vrais par Bill Gates et Méta en France&le monde bien avant 2026?)

A voir aussi pour sa distribution:

  • j'aime tellement l'idée du film que je vais voir qui l'aurait eue: c'est un cinéphile, fils d'exploitant de salle cinéma, historien, ami et traducteur d'Orson Welles (selon wiki), directeur de revues de cinéma et distributeur de films, un Maurice Bessy?!
  • dialogué par un Daniel Boulanger que je connais un peu mieux, et dont je conseille sa collaboration à un excellent Costa Gavras, Un homme de trop.
  • Une double fin très émouvante: la première où on ne rigole plus et comprend la métaphore et l'alusion aux charniers; et la deuxième où les branquignols qui en avaient attérés et fatigués certains d'entre nous manquant de patience et écoute, finissent eux-mêmes désespérés de notre pauvre spectacle pas drôle de psychopathes en liberté et préfèrent se confiner eux-mêmes plutôt que de vivre avec nous...
PierreAmo
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le 10 juil. 2022

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PierreAmo

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