Film conçu soit par des demeurés prétentieux soit par des cyniques sans imagination

L'intérêt de la manœuvre est laissé en suspens... jusqu'à la sortie ; entre-temps sont ajoutés des ingrédients qui ne serviront à rien, ne font qu'intriguer ou animer... ou simplement meubler ? Car en conclusion il n'y avait même pas des fausses pistes, mais du pur remplissage (incroyablement balourd et opportuniste comme ce poignardage par l'employée sexuellement abusée par son patron) ; un méli-mélo piochant parmi les clichés de thrillers de la dernière quinzaine. La suggestion magnifique en conclusion (il faudrait savoir apprécier les choses simples ?) est un comble du foutage de gueule. Y a-t-il plus snob que ce genre d'oeuvres opaques, dont l'ambition manifeste et l'étrangeté n'ont d'autre but que flouer et intimider le chaland – qui aurait l'audace de passer pour un arriéré en rejetant ouvertement ce film ?


Hormis la curiosité et l'attentisme dans lequel il nous plonge, ce Menu n'a rien pour lui : il est invraisemblable et inutile, peuplé d'individus apathiques aux caractérisations infantiles, son humour absurde et sa médiocrité puent la prétention et le cynisme paresseux, le chef est une sorte d'Hannibal sado-maso sur-vendu qui mériterait le goulag tant il se donne pour peu tant d'importance. Je sent ce film comme une expérience 'sociale' type Funny games ; l'invitation à fuir lancée aux hommes otages plaide en ce sens, puisqu'à la fin le chef lance à la bourgeoise lasse qu'ils n'ont jamais été retenus – bien que ce soit hypocrite, comme l'invitation à fuir qui relevait de l'invitation à être la proie d'une chasse à l'homme expéditive.


Le film se plaît trop à saboter tout ce qui viendrait l'élever dès que l'effet d'un retournement a été consommé (comme il termine cette scène du sauveteur qui a aimé le film blâmé par le chef, on s'attend à un basculement hargneux... puis les affaires reprennent). Trop de gens le gobent manifestement (car aucun commentaire positif ne semble voir ce que je pointe ici), je suppose donc que de tels 'exercices de style' continueront de saturer nos écrans avec l'assentiment de crétins soit demi-, soit sur-, en tout cas cultivés en vain puisque ça ne les protègent pas des blagues vaseuses produites à leur dépens.


https://zogarok.wordpress.com/2023/04/23/le-menu/

Zogarok

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