
Autant poser l'entrée sur la table : cette fin d'année se traîne laborieusement en enchaînant à la pelle les métrages pompeux. Heureusement, des fois, il y a quand même des surprises, comme The Menu, de Mark Mylod.
Ce film s'invite donc à nos tables en cette fin d'année, avec une atmosphère thriller horrifique que n'aurait pas renié Ari Aster (après tout, la musique est composé par Colin Stetson, compositeur de Hérédité) et un trio de tête d'affiche qui vend du rêve : RalphFiennes, AnyaTaylorJoy et NicholasHoult.
Huis-clos satirique autour de la gastronomie et de ses travers, The Menu brise la glace d'un univers élitiste pour, tel le récent film Sans Filtre, en briser les codes d'un coup de pied provocant et cynique. Ainsi, les différentes personnes invitées à venir partager un repas de haute volée sur une île nommée Hawtorn, se révèlent être des têtes à abattre par le célèbre Chef, homme désireux de transmettre son obsession de la cuisine à n'importe quel prix.
Une véritable ébullition s'installe, de couverts en couverts , tout le long du métrage, tandis que la tension monte et que les questions s'accumulent quant aux réelles motivations de cet étrange personnage autoritaire, dont les membres n'attendent qu'un clap de main pour se dresser au garde à vous. Ce clap, loin d'être un simple geste de regroupement, est avant tout un élément de l'expérience à laquelle nous invite le réalisateur Mark Mylod durant The Menu : un défilé de plats, aussi sophistiqués que consistants, donne la marche à un tacle acide sur le monde de la cuisine et ses ramifications, et s'accompagne d'un déluge de scènes mémorables.
Le casting est cependant, malgré quelques seconds rôles évocateurs, assez faiblard dans sa prestation : Nicolas Hoult reste assez sous exploité face à une Anya Taylor Joy explosive, par exemple. Pour autant, on en viendra à regretter un manque de développement pour ces personnages, même si l'ensemble du casting marche quand même dans une cohésion de groupe savoureusement cruelle, rendant la conclusion finale digne de nos attentes.
The Menu est donc de ses films arrivant à mêler fond et forme avec grâce, sans verser dans la débauche horrifique et montrant les affres d'une bourgeoisie élitiste et nombriliste. La débâcle gastronomique est sans concession, le plaisir gustatif est bien réel, et entre Midsommar et Sans Filtre, the Menu s'inscrit comme tel.