Après son très remarqué "Au nom de la Terre", inspiré du destin tragique de son propre père, dans lequel le réalisateur Édouard Bergeon dénonçait l'enfer administratif et les pressions insupportables jalonnant le quotidien des agriculteurs, le cinéaste nous propose cette fois "La promesse verte".
Il met en scène un jeune étudiant venu enquêter sur le commerce très lucratif de l'huile de palme en Indonésie. Commerce permettant au pays de se développer économiquement mais qui a un effet dévastateur sur la nature. Les forêts primaires, poumon de la planète, lieu de vie irremplaçable pour de nombreuses espèces végétales et animales, patrimoine vivant et culturel de certaines populations autochtones, sont littéralement décimées depuis plusieurs années au profit des plantations de palmiers et des industriels qui les exploitent. Victime d'un complot et accusé de narco trafique, l'étudiant devenu témoin gênant est incarcéré et condamné à mort. Sa mère consacrera alors sa vie à essayer de le sauver. C'est poignant, révoltant, formidablement servi par des acteurs crédibles, Alexandra Lamy et Félix Moati.
Au-delà du combat livré par cette mère courage qui suscite émotion et admiration, le spectateur est tenu en haleine par le vertigineux entrelacement que forment les relations diplomatiques, les intérêts commerciaux, les questions environnementales et les enjeux politiques. Le sujet est puissant, l'intrigue est claire et bien menée, certaines scènes, fort éloquentes, permettent d'appréhender parfaitement les différentes problématiques. Néanmoins on regrette que le scénario pâtisse de certains raccourcis, de ficelles parfois grossières et d'une fin qui n'est peut-être pas à la hauteur de la question soulevée. Découragée, Alexandra Lamy, lucide, résume d'une phrase forte la complexité d'une situation qui nous concerne tous : "Je ne fais pas le poids, je veux sauver mon fils alors qu'elle veut sauver la planète." Édouard Bergeon nous livre cette pertinente réflexion, opposant les objectifs individuels, aussi louables soient-ils, à l’intérêt collectif salutaire, mais il semble finalement l'éluder... Dommage.
Il n'en reste pas moins que ce cinéma de la Terre, clairement militant, semble absolument nécessaire en ces temps d'essoufflement de notre planète. Le cinéaste, défenseur du monde paysan et écologiste assumé, fait dernièrement l'objet d'une polémique en raison des relations qu'il entretiendrait avec le monde de la grande distribution mais il n'est plus temps de s'attarder sur les inévitables zones d'ombre de la nature humaine. Notre maison commune n'est plus aussi verte qu'avant, ni aussi bleue, et si certains considèrent qu'elle commence à décrocher de la colline alors prêtons leur une oreille attentive... et durable...