C'est rare de se sentir aussi oppressé par un film. Malgré l'heure et demie passée sous apnée je ne peux être qu'admiratif devant la capacité de Catherine Breillat à brouiller comme ça les frontières morales: on se prend à choisir le camp de tel ou tel personnage, puis celui de l'autre, alternant de scène en scène, alors que chacun est détestable à sa façon. Ne pas savoir sur quel pied danser tout le long du film alors que l'on s'enfonce dans le malsain le plus terrible rend la sensation de malaise plus que palpable.
Le film me rappelle beaucoup l'Origine du Mal, sorti l'an dernier. Avec l'irruption dans un milieu très bourgeois de l'élément malsain, déviant. Mais là où l'Origine du mal était finalement assez ludique et jouissif dans sa descente aux enfers, l’Été Dernier lui s'enfonce dans une cruauté plus glaçante. On comprend que peu de monde est vraiment dupe de la liaison entre Léa Drucker et le beau-fils, et alors on assiste à l'écrasement du jeune garçon par tout le microcosme bourgeois dont la belle-mère fait partie. Elle rivalise de manipulation pour l'écarter de sa famille, son collègue avocat informé des accusations propose un arrangement à l'amiable, sa soeur, plus extérieure à ce monde choisit aussi de se ranger de son côté pour garder un pied dedans. Et ce "Tais-toi" final...
Très réussi et maîtrisé.