Pas sulfureux mais romantique, telle est la façon dont Catherine Breillat juge son propre cinéma, ce en quoi il est permis de ne pas adhérer. Qu'importe, disons que la réalisatrice est passée maîtresse dans l'art de distiller le trouble et qu'elle aime plus que tout transgresser la morale. Dronningen (Queen of Hearts), le film danois dont L'été dernier est le remake, s'illustrant surtout par son côté pataud et embarrassant, le long-métrage de Catherine Breillat n'a pas de mal à largement dépasser son piètre modèle, dont il n'a de fait gardé que le sujet central. Situé précisément dans un milieu privilégié, où l'on roule en Mercedes décapotable, L'été dernier oppose aux basses hypocrisies d'une bourgeoisie confite dans son confort, la pureté d'un désir réciproque qui explose comme un doigt d'honneur à la bien-pensance. Même si ici tourné dans une lumière splendide, le cinéma de Breillat cultive toujours l'art de l’ambiguïté, dans une liaison mineure aux conséquences possiblement majeures. Léa Drucker, à l'apogée d'une carrière de plus en plus étincelante, manie la glace et le feu avec efficacité, parfaitement positionnée entre le jeune et talentueux Samuel Kircher et le vieux et remarquable Olivier Rabourdin. Au delà de son pouvoir de "bousculement", il ne se dit pas suffisamment que la Breillat est une exceptionnelle directrice (manipulatrice ?) d'interprètes.