Wes Craven. Ce type est responsable d'un de mes films d'horreur préféré ("Scream"), des "Griffes de la nuit" avec ce fameux Freddy Krueger qui a hanté bien des cauchemars, et... de ça. Bon. Il y a un tel écart en terme de qualité entre "L'amie mortelle" et les deux susnommés qu'on a du mal à le croire. L'histoire est celle d'un ado surdoué qui s'installe avec sa daronne dans un nouveau quartier et qui s'aperçoit que Samantha, sa voisine blonde à forte poitrine, se fait battre par son père, un tantinet dégénéré. Mais j'oubliais le principal : le héros en question (joué par Matthew Laborteaux, que je croyais mort en même temps que "La petite maison dans la prairie", où il interprétait Albert Ingalls) est un tel génie qu'à son âge il a déjà réussi à se fabriquer un robot appelé "B.B." (rien à voir avec Bardot). Et cette machine infernale se conduit quasiment comme un être humain parce qu'il a plein de microprocesseurs à l'intérieur de lui et tout ça, alors il est trop fort. Mais un soir c'est le drame, B.B. se fait dégommer et la copine blonde aussi. Il y a des jours comme ça... .

Et c'est là que ça devient énorme niveau scénar' : Paul est tellement attristé par la disparition de son robot, et accessoirement de Samantha, qu'il implante la carte mère du premier dans le cerveau de la seconde pour la faire revivre. Et devinez quoi... Ca marche ! Mais la blonde se transforme hélas en serial killeuse dénuée de sentiments et avide de vengeance. Je vais m'arrêter là parce que je ne voudrais pas spoiler une intrigue aussi réaliste (franchement, Einstein peut aller se rhabiller avec son E=MC2 tout pourri, l'autre ressuscite carrément les morts). Comme vous l'aurez deviné, l'oeuvre cumule les lacunes dans sa narration, avec un tel enchaînement de scènes abracadabrantesques que ça en devient risible : en tant que spectateur, j'ai souvent eu l'impression que Craven me prenait pour un demeuré avec ses invraisemblables délires technologiques. Comme beaucoup de films fantastiques des années 80, il a également mal vieilli et est beaucoup trop ancré dans son époque (mon dieu, ces looks...). Et puis c'est quoi cette fin poussive ? Bref, "L'amie mortelle" ne dure que 90 minutes mais ses incohérences le plombent très vite, même si le meurtre au ballon de basket m'a arraché un franc éclat de rire (j'avoue que sans ça ma note aurait été de 3). Si Wes Craven souhaitait nous mettre en garde contre les dérives de la science avec sa Frankenstein au féminin, le résultat est trop grotesque pour donner l'envie d'y réfléchir, et à défaut des frontières du réel, on flirte avec celles du navet... Autant regarder l'original ou lire le roman de Shelley !
Psychedeclic
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le 14 déc. 2014

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