Koyaanisqatsi
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Koyaanisqatsi

Documentaire de Godfrey Reggio (1983)

Philip Glass compose de la musique somptueuse. Les choses étant parfois bien faites, il vous suffit de taper Philip Glass sur Youtube pour constater ce fait. Prenez une seconde pour réfléchir à la portée de cet acte - n'êtes vous pas, en un sens, responsable de la disparition des disquaires en vous comportant ainsi? - et découvrez, si vous ne le connaissez pas encore, un univers musical richissime, et d'une rare poésie.


Voilà pour Philip Glass. Hommage est rendu.


Godfrey Reggio, lui, a donc une jolie bande son, et deux obsessions :


-filmer des choses de haut
-filmer des choses se trouvant en hauteur.


En constatant les éléments précédents, Godfrey a une idée : il pourrait les combiner, et, comme hauteur visuelle ne saurait être accompagnée autrement que d'une certaine hauteur de propos, il pourrait aussi essayer de dire un truc vraiment super intéressant sur l'aspect cannibale du progrès technique, sur la mécanisation, sur le paradoxal parallèle entre la cruauté (légitime) de l'odre naturel et celle (illégitime) du nouvel ordre humano-automatisé, sur leur impossible mais nécessaire cohabitation, etc. Louables intentions.


Louables intentions, mais j'attends toujours leur impact, leur expression concrète, leur traduction à l'image. Koyaanisqatsi, qui se veut si subtil, m'a fait l'effet d'un bulldozer à la fois vain et moralisateur.
Le choix des images y est pour beaucoup, ne sortant en somme jamais d'un éternel paradoxe beau/laid; ordre naturel/ordre forcé, d'un manichéisme qui ne correspond pas aux ambitions métaphysiques affichées par l'oeuvre.


Godfrey nous dit et nous montre, au cas ou on ne le croirait pas, que le ciel et les paysages inviolés c'est quand même vachement plus beau que les grues sur les chantiers de démolitions et les piles de parpaings.


Sans blague.


C'est dommage, parce qu'il y a effectivement de belles images, mais le tout est si calculé, si calibré pour dire quelque chose que la poésie qui devrait en ressortir se perds dans cette volonté de trop en dire, de toujours vouloir appuyer son gros doigt sur ce qu'il faut comprendre, chose d'autant plus gênante lorsque la chose à comprendre est, à peu de choses près, toujours la même.


Un film qui me laisse, en somme, une étrange impression.


Comme si Europe écologie-Les verts avait fait une fête dans ma tête sans me prévenir, que tout le monde s'était bien bourré la gueule à la bière alternative en disant des conneries, à refaire le monde avec les yeux qui brillent, mais que le matin venu, personne n'avait ramassé les bouteilles par terre.


Merde les gars, c'est un peu con.

-Absalon
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le 15 janv. 2014

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-Absalon

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