Contrairement à Retour vers le futur, La famille Addams, The Mask, Men in black, Jumanji, ou encore Ghostbusters, Jurassic park est un des seuls films de mon enfance que je n'ai pas vu au moins une trentaine de fois.
A vrai dire, je ne l'avais pas revu depuis des années, et il manquait à ma collection. Ca fait maintenant plus d'un mois que je l'ai acquis, mais j'attendais le bon moment pour le revoir, d'autant plus que la section bonus du DVD est bien fournie et qu'il me faudrait du temps pour tout voir.


J'avais, forcément, gardé un bon souvenir de ce film, datant à peu près de l'époque où j'avais plus ou moins forcé l'autorisation de mes parents pour le voir et de l'enregistrer à la TV, le logo "accord parental souhaitable" l'exigeant.
J'aurais grandi avec ce film, j'aurais continué à l'apprécier sans que mon regard évolue, mais en fait ce n'est pas si mal que je ne le revoie que maintenant, posant dessus un regard neuf plus analytique.
J'aurais été habitué à Jurassic park, je ne me serais pas fait la réflexion que le travail sur le son est superbe, et qu'on voit le génie de Spielberg dès les premiers plans : même en voyant le film pour la première fois, au vu du titre et du sujet, on s'imagine que c'est un dinosaure qui fait s'écarter ces branchages sur les premières images et qu'attendent tous ces employés avec le patch "Jurassic park" sur leur uniforme. Il s'agit en fait d'une caisse sur un monte-charge, qui, en fin de compte, fait un peu penser à une bête tout de même.
Juste après, les gros plans lors de la débâcle entre un gardien et un dino, comme celui sur la main qui disparaît progressivement entre les bras d'un homme qui essaye de retenir son collègue, sont tout à fait géniaux, ils font preuve d'une originalité, d'une présence marquée du réalisateur, et signifiants de façon presque symbolique.
C'est là qu'on comprend de suite que Jurassic park n'est pas juste un "film popcorn".


Je ne savais pas que Michael Crichton, auteur du roman sur lequel le film est basé, s'était occupé du scénario aussi. J'imagine que c'est toujours difficile d'adapter sa propre œuvre, de la transposer vers un media comme le cinéma où l'on doit être plus concis et on ne peut se permettre de trop s'étendre.
En tout cas, peut-être grâce à l'aide du co-scénariste David Koepp, la transposition est pour moi réussie ; sans avoir lu le bouquin, je trouve que le scénario fonctionne très bien.
L'idée de la façon dont est récupéré le sang de dinosaure est très bonne. L'idée qui sert à expliquer le processus au spectateur aussi.
La caractérisation des personnages est, de même, très réussie, et est même un point fort du film.
La présentation du héros, Alan, est couplée à celle d'un dinosaures que l'on devine être une future menace dans le film, dans une scène où le chercheur cherche à prouver qu'il a tort à un enfant qui ose dire que le velociraptor n'a pas l'air si effrayant que ça.
On cerne aussi d'emblée le personnage du vieux riche et excentrique, quand il arrive avec un hélico qui balaie le sable sur la zone de recherches d'Alan Grant et son amie Ellie Sattler.
Et il suffit d'une phrase du personnage de l'avocat pour que le spectateur comprenne que s'il meurt, c'est pas grave : lorsqu'il évoque la fortune qu'ils vont amasser, en voyant les dinos.
Ce qui est cool avec Jurassic park, c'est que ça a beau être un film de science-fiction, le scénario prend en compte la réalité de ce qui arriverait, avec de tels évènements. Quand un employé meurt, on ne l'oublie pas comme si ce n'était rien, comme dans la plupart des films. Ici, quelqu'un vient vérifier la sécurité sur les lieux, parle de procès et des craintes des investisseurs du park. C'est même ça qui enclenche la suite de l'histoire, puisque c'est ce qui fait amener Grant et Sattler sur l'île aux dinosaures.
On se retrouve dans un monde magique, mais on nous ramène régulièrement sur terre : Jurassic park a beau contenir des dinosaures, c'est après tout un zoo, et comme un peu n'importe quel zoo, il y a des animaux qui ne se montrent pas quand les visiteurs arrivent, ces derniers se montrant déçus. (mais le spectateur en a pour son argent : les dinos débarquent après, quand les grilles ne sont plus électrifiées !)


Tout est fait pour que l'univers du Jurassic park soit crédible, depuis le logo dont, décidément, j'adore le visuel, jusqu'à la déco très travaillée, avec ces fresques, ces colonnes contenant des ossements de dinos, ...
Je n'aurais pas trop prêté attention à ça étant enfant, ni à cet éclairage superbe lors des premières scènes post-extinction du système.
La musique du film, celle que l'on entend dès l'arrivée en hélico sur l'île et qui traduit parfaitement un sentiment d'émerveillement, j'ai frémi en l'entendant ; je l'avais complètement oublié, et pourtant elle est fabuleuse.
Après toutes ces années (presque 20 ans maintenant !) je trouve que les effets spéciaux, même ceux numériques, tiennent encore bien la route.
C'est fou, mais j'ai redécouvert cette scène de naissance d'un bébé dinosaure qui avait été complètement effacée de ma mémoire, et même aujourd'hui (entendez par-là "en 2012" et "à mon âge"), j'ai trouvé ça merveilleux.
Peut-être que c'est une question de croyance que l'on veut bien ou non accorder au film, mais il n'empêche que la qualité des FX aide bien.
La séquence du T-rex est incroyable, intense même. Le tremblement dans le verre d'eau, c'est mythique, c'est un truc dont je me suis souvenu depuis tout ce temps, et sans avoir revu le film depuis des lustres, dès que je voyais un film ou une série parodiant ce moment, j'y reconnaissais immédiatement Jurassic park.
Spielberg est réalisateur, et le film est PG-13, donc évidemment ce n'est pas si violent que ça, pourtant durant le visionnage j'ai ressenti un stress que je n'avais pas ressenti depuis longtemps devant un film, la plupart des films d'horreurs me laissant relativement indifférent maintenant. Je ne saurais tellement expliquer la provenance de mes réactions excessives face au film et de cette peur qui est celle d'un enfant encore innocent qui croit tout ce qu'il voit à l'écran, je ne peux que dire que l'on croit en ces dinosaures, qu'on sent la menace.
Peut-être est-ce la nostalgie liée au film qui me fait y adhérer plus qu'à un autre ou peut-être y a-t-il un talent que je ne saurais décrypté dans Jurassic park, quoi qu'il en soit je me suis laissé emporté par ce film, j'ai eu quelques "sensations fortes" : crainte lors de la scène de la voiture dans l'arbre, pleine de rebondissements, puis soulagement et rire quand c'est fini et qu'on nous gratifie de petites blagues.
Je dois être un peu blasé, j'avais oublié qu'on pouvait vivre de telles choses devant un film.
Jurassic park nous donne une bonne dose d'action et d'aventure, mais il est doté également d'un bon sens de l'humour.
Le personnage du docteur Ian Malcolm est énorme, mais je n'aurais probablement pas autant éclaté de rire s'il n'était pas interprété par Jeff Goldblum. L'acteur joue encore un scientifique, mais bien différent de celui un peu coincé de La mouche ; ici on le compare à une rockstar, il flirte avec Laura Dern, mais reste un pro sachant se montrer sérieux et malin quand il le faut.
Même dans la mise en scène il y a de quoi rire, il y a de ces idées géniales et pleines d'ironie (la projection du velociraptor, la banderole qui tombe ...)


Conclusion : Jurassic park c'est du génie.
Putain, pourquoi de nos jours on n'a pas d'expériences cinématographiques pareilles ? Est-il devenu impossible d'avoir de tels films ?
En même temps, je pense qu'avec l'ère numérique dans laquelle on vit, où les CGI me laissent indifférents et me donnent l'impression que tout est devenu trop simple, un film avec la trempe de Jurassic park ne serait pas possible. A moins de comporter des idées révolutionnaires qui renouvelleraient l'émerveillement.
Et du côté des créateurs, la plus grande facilité avec laquelle on crée des images de synthèse fait que l'on s'appuie de plus en plus sur la démonstration des effets spéciaux que l'on est capable de générer que sur la façon dont on montre. Jurassic park n'est pas tant un film qui montre : au final, il y a relativement peu de plans à effets spéciaux, mais la mise en scène est fabuleuse.
Je me souviens plus trop du troisième film de la saga, mais à mon avis c'est ça le problème : les gens ne comprennent pas que Jurassic park, ça ne consiste pas seulement à montrer des dinosaures.
"Your scientists were so preoccupied with whether they could that they didn't stop to think if they should." Voilà une citation du premier film sur laquelle on devrait tous méditer.
Peut-être qu'à l'époque Spielberg lui-même percevait les limites des effets spéciaux à sa disposition comme une contrainte ; je vois ça comme quelque chose de positif, qui l'aurait poussé à mieux réfléchir l'utilisation de ces effets.

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le 15 juil. 2012

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Wykydtron IV

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