Au delà de ses accomplissements techniques et particulièrement des effets spéciaux de malade comprenant les animatroniques de Winston et Tipett mais également de l'introduction réussie d'effets purement numériques par IL&M qui permettent une liberté de mouvement des créatures du film encore jamais vue jusqu' alors(ce qui fera dire a Tipett que son métier est en voie d'extinction, ce que Spielberg reprendra pour le faire dire de la bouche de Grant dans le film) sans que ça ne paraisse faux ou forcé, et ce même encore aujourd'hui presque 30 ans après sa sortie.


Au-delà de la capacité de Spielberg à construire à travers sa mise en scène et son sens du rythme un enchaînement de scènes toutes plus emblématiques les unes que les autres, redéfinissant en partie dans le processus le film d'aventure comme les arcanes du blockbuster pour la décennie à venir.
Au delà des excellents acteurs, Sam Neil, Jef Goldblum, et Sir Richard Attenborough en tête, qui parviennent à travers leurs réactions à rendre cette histoire crédible ( petite parenthèse ici, mais cette scène de découverte des dinosaures par les professeurs Grant et Satler est un cas d'école à montrer à chaque réalisateur: ce qui crée un impact émotionnel chez le spectateur, c'est avant tout la réaction des protagonistes à l'action et pas les effets spéciaux en eux même, aussi brillants soit-ils, merci de prendre des notes Hollywood) comme à rendre immédiatement sympathiques leurs personnages en quelques touches de pinceau très légères et qui peuvent paraitre faciles mais sont plus subtiles qu'il n'y parait.
Au delà de ces réussites nombreuses et indéniables, donc, Jurassic Park est avant tout une fable morale, un conte faisant office de mise en garde.
En première lecture on pourrait se dire simplement que c'est juste un récit classique mettant en garde l'homme de ne pas dépasser certaines limites, de ne pas corrompre l'ordre naturel, de ne pas se prendre pour un dieu, tel qu'on en connaît depuis la légende de Prométhée ou Frankenstein, son équivalent moderne. Et soyons clair, ça y est sans doute un peu
On pourrait même y voir un argument anti-scientifique si on n'y prend pas garde. Et soyons clair, ça y est pas!
Pourtant, il me semble que le film de Spielberg va un peu plus loin que ça.
Le promoteur John Hammond aidé par des techniciens met en place, en utilisant de facto des connaissances scientifiques, un système complexe destiné à un principe parfaitement futile: un grand Parc d'attraction. Ce rêve est évidemment principalement motivé par l'argent que le parc pourra rapporter. Là, des scientifiques lui expliquent à quel point son système va se planter, mais le promoteur et ses soutiens financiers ne veulent rien entendre et décident malgré tout que la masse de pognon que ça va engendrer est plus importante que l'avis d'experts sur le sujet.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Spielberg montre dans un de ses films la prépondérance de l'argent sur tout ce qui pourrait ressembler même de loin à de la décence, à un sens des responsabilité ou au simple bon sens, puisqu'il avait déjà dans Jaws fait du maire de la ville d'Amity l'incarnation vivante de ce manque de moralité dès que les bouzroufs s'en mêlent.
Jurassic Park étant sans doute un remake à terre de Jaws, il était normal que ce thème soit directement repris. La différence étant que Spielberg a du se rendre à l'évidence sur le fait que la finance et les ultra-riches étaient sans doute plus à blâmer que les opportunistes qui nous gouvernent.


Moralité de la fable? Ce n'est pas tant que l'on ait un discours sur "la science qui va trop loin, la vilaine" mais bien sur le fait que quand des scientifiques te disent que ton projet pue la merde, tu devrais peut-être envisager de les écouter et ne pas t'entêter dans un truc sans avenir juste pour faire du fric.


Si tout cela vous fait penser à plein de trucs en général et à notre monde en particulier où des scientifiques gueulent depuis 1972 à qui veut l'entendre (c'est à dire personne) que le système mis en place contient intrinsèquement les germes de son autodestruction (et corollaire de cette destruction, celle de tous dans le même mouvement) et que c'est cher payer pour un gigantesque parc d'attraction à la con (et franchement qui peut prétendre qu'on ne vit pas sur une planète devenue un gigantesque parc d'attraction a la con?), et bien vous gagnez le super bingo du sale gauchiss(il est des nôôôôôtre...) comme diraient les décérébrés de tous bords qui contrairement aux dinosaures ne semblent pas être en voie d'extinction.
Rassurons nous en nous disant que ça ne devrait pas trop tarder non plus.
L'inconvénient, c'est que tous les autres foncent vers l'extinction à toute berzingue avec eux et que contrairement aux personnages du film et de la fable de tonton Spielberg, je ne nous vois pas être sauvés in extremis par un deus ex machina gros comme un T-Rex.

Samu-L
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Réalisateur: Steven Spielberg, Top Sam Neil, Le petit bazaar des horreurs, Samu-L's essential flying science-fiction movie database et Top 10 Samuel L Jackson

Créée

le 9 avr. 2020

Critique lue 374 fois

15 j'aime

4 commentaires

Samu-L

Écrit par

Critique lue 374 fois

15
4

D'autres avis sur Jurassic Park

Jurassic Park
Sergent_Pepper
8

Féérie du chaos

Dans la galaxie en triste expansion du blockbuster, il est recommandable de revenir de temps à autre aux fondamentaux : pour savourer, et comprendre à quel point le savoir-faire en terme de cinéma...

le 12 janv. 2018

95 j'aime

8

Jurassic Park
Gand-Alf
10

La grande illusion.

Comme tout garçonnet de neuf ans croyant dur comme fer à l'existence des tortues ninja, je vouais un culte sans bornes aux dinosaures, ces monstres géants non pas issus d'un quelconque folklore mais...

le 5 août 2013

90 j'aime

4

Jurassic Park
MatthieuS
10

Les dents de la terre

Avant d’être une saga avec ses hauts et ses bas, Jurassic Park fut un film qui connut un formidable succès dans le monde entier, battant le record au box-office mondial en 1993 et restant au sein de...

le 10 août 2017

79 j'aime

33

Du même critique

Star Wars - Le Réveil de la Force
Samu-L
6

Star Wars Episode VII: A New Hope Strikes Back

Divulgâchage épique dans ce billet!!! Au départ, j'avais décidé de pas intervenir. Je m'étais dis: " mon petit Sam, est-ce que ça vaut vraiment la peine de t'embarquer là dedans? Parce que tu sais...

le 18 déc. 2015

286 j'aime

97

Joker
Samu-L
7

Renouvelle Hollywood?

Le succès incroyable de Joker au box office ne va pas sans une certaine ironie pour un film qui s'inspire tant du Nouvel Hollywood. Le Nouvel Hollywood, c'est cette période du cinéma américain ou...

le 8 oct. 2019

235 j'aime

12

Monty Python - La Vie de Brian
Samu-L
10

I say you are Lord, and I should know. I've followed a few

On est en 1993, j'ai 15 ans (enfin plus ou moins), et je m'ennuie un peu en cette soirée d'hiver, je déprime pas mal aussi. J'allume la télévision et je zappe d'une série B à une série française...

le 4 mars 2012

207 j'aime

20