« Hostiles », pour la manière dont on qualifie les indigènes, ou « natifs » dans l'ouest américain. D'emblée, on saisit à travers le titre de ce superbe film la tension intrinsèque qui oppose indiens et colons dans la conquête de l'ouest, et qui mènera au génocide des natifs. Le thème est planté, et il va être développé en profondeur grâce à une sensibilité de l'écriture, mais aussi d'une mise en scène impeccable, servis par un jeu d'acteurs exigeant.


« Hostiles » parvient à adopter un parti pris explicite tout en évitant d'être manichéen. Le propos politique ou social assumé est toujours un exercice difficile dans la fiction, car il menace d'engloutir l'ensemble de l'intrigue et de finir ainsi par produire une œuvre de propagande. Au contraire, « Hostiles » prend pour points de vues des personnages complexes, aux émotions mélangées et contradictoires. S'il fait le récit d'un conflit historique, le film traite d'abord de violence, de souffrance et de résilience.


En cela, Hostiles n'est pas un western, un film de genre. À l'instar de « The Homesman » (2014, adapté d'un roman), il n'en emprunte pas les codes. Il s'attache plutôt à déconstruire le mythe de la conquête de l'ouest, des outlaws et des grands aventuriers. Tout comme « The Homesman », « Hostiles » prend le contre-pieds d'un récit national mythifié, il le déconstruit. Il raconte la souffrance des gens simples, et la tentation, face aux épreuves, de céder à la spirale de la violence.


Il raconte la sauvagerie des combats qui opposèrent les natifs aux colons blanc, et à l'armée de l'union. Il explore en quoi la violence extrême, subie ou exercée, légitime ou gratuite, broie les êtres et mène à un déchirement intérieur. Enfin, « Hostiles » cherche les échappatoires possibles à ce cercle vicieux, il évoque la nécessité de choix éthiques cruciaux face aux événements auxquels on est confrontés.


Pour tout cela, « Hostiles » n'est pas simplement une condamnation du génocide des amérindiens. C'est un très beau film qui m'a profondément ému, une pièce de « littérature » au sens noble du terme. Hostiles parle avec brio du plus vieux combat des hommes, la lutte du bien contre le mal.

Mathieu_Péquignot
9

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le 13 juin 2018

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