Comme d’habitude avec les œuvres de David O. Russell, le film est bourré de tics de mise en scène inutiles et désagréables. En gros, il filme comme un cochon ce qui rend la première heure très pénible à coups de shakycam, accumulation de gros plans inesthétiques et virevoltes appuyées… Cette mauvaise habitude qui voudrait qu’un film indépendant soit forcément tourné à la truelle commence sérieusement à me les hacher menues.

Avec ça, l’aspect qui insiste sur la bipolarité du héros est loin d’être le plus subtil que j’ai vu dans mon existence, la partie « rayon de soleil », « je veux un happy end », « je suis positif » me tapant joyeusement sur le système, même si le psy Indien est assez impayable...

En outre le fait qu’on lui reproche principalement un accès de violence lors d’une des rares situations où la plupart des civilisations du monde conviennent que c’est à peu près compréhensible nuit beaucoup à l’analyse d’une maladie qui, indépendamment, semble avoir bien d’autres raisons d’être prise au sérieux.

Cela donne une heure ennuyeuse où les scènes hystériques alternent avec les scènes d’excuses et d’incompréhension jusqu’à la nausée et on se demande vraiment comment on a pu trouver au film un aspect quelconque de comédie vu qu’il ne vous est arrivé à aucun moment d’envisager le moindre petit sourire, même en coin.

Même l’arrivée de cette fameuse Jennifer Lawrence que je découvre ici ne parvient pas à faire décoller complètement le film, il faut attendre encore un petit peu. Déjà, faut s’habituer à un visage pas facile et un peu porcin avant de commencer à lui trouver du charme… elle a de jolis yeux finalement, et un petit corps appétissant comme tout qu’elle déplace avec une grâce certaine. Avec ça, elle joue très correctement, ce qui ne gâche rien et change agréablement d’une purge rouquine que je m’étais masochistement imposé la semaine dernière.

Et donc, à un moment donné, le film devient chouette comme tout. On abandonne les scènes tendues et maladroites pour s’enfoncer sans vergogne dans une charmante comédie romantique avec même un concours de danse à la clé, c’est plutôt ravissant comme tout, à se demander si toute la partie précédente avait vraiment besoin d’être ratée de la sorte…

Ca parle de football américain aussi, ce qui donne lieu à une séquence particulièrement réussie après le match, on comprend d’ailleurs bien que pour Russell il a fallu toute la première heure pénible pour en arriver là, mais ça ne veut pas dire que je doive être d’accord avec lui.

Le casting est aux petits oignons, même si la jeunette écrase assez vite toute la concurrence, Bradley Cooper s’en sort bien, Robert De Niro trouve ici son premier rôle supportable depuis des lustres et même Chris Tucker parvient à ne plus me donner de l’urticaire, un vrai petit miracle.

Bourré de défauts, il manque aussi au film un petit je ne sais quoi en plus qui lui permettrait de s’installer un peu plus profondément dans mon esprit, mais il y a tout de même quelque chose de charmant qui suffit largement à rendre la séance agréable ce qui est déjà beaucoup.

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le 6 févr. 2013

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Torpenn

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