Cochon qui s'en dédouane

Voici typiquement le genre de film qui s'apparente à un interminable remplissage sans caractère ni style aucun. Formé d'une succession de prises de vue sans maîtrise ni regard authentique ce Gorge Coeur Ventre tente vainement d'explorer l'univers abrupt des abattoirs bovins et porcins... sans jamais parvenir à en retranscrire ni la rudesse ni l'atmosphère oppressante ; en d'autres termes la première réalisation de Maud Alpi aurait tout aussi bien pu intégralement se situer dans la grisaille d'une salle de réunion ou dans l’exiguïté d'un économat que le résultat n'aurait guère changé !

Filmé à l'arrache, au gré de mouvements disgracieux et approximatifs Gorge Coeur Ventre hésite beaucoup trop entre un dispositif évoquant un reportage et un semblant de récit somme toute assez inconséquent duquel Maud Alpi ne fait strictement rien. On sent bien la volonté de filmer un quotidien, d'être proche de l'enquête de terrain et de vouloir mouiller sa chemise à force d'immersion constante mais on a cruellement du mal à voir où la réalisatrice veut en venir lorsqu'elle alterne entre d'incessantes plongées apnéiques au coeur du bétail et des moments d'intimité partagée entre les quelques rares figures humaines de son premier long métrage.

Ajoutons à se fatras de plans tartes une bande-son calamiteuse, témoignant d'une absence de travail impardonnable compte tenu du sujet et des intentions précitées. Bref un premier film bancal, techniquement assez pauvre et mal joué de surcroît. Mauvais et résolument dispensable, tant l'argument de base semble totalement échapper à Maud Alpi...