Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur film, et de très loin. Sur les traces d'un Fellini période Dolce Vita ou d'un Billy Wilder de la grande heure ( c'est à dire de toujours ) le rétro-sexuel d'une belle et hideuse époque signe un film d'histrion proprement déprimant, à la violence carnassière des plus dévastatrices.

Aucun, aucune, pas âme qui vive n'est à sauver de ce pandémonium filmé en plein soleil : des personnages au mieux antipathiques et au pire moralement immondes et factices, entre un Pierre Niney mi-métro mi-viril complètement conscient de son image et sentimentalement veule, une Isabelle Adjani artificieuse au dernier degré, un François Cluzet pathétique en pigeon libidineux à son corps défendant et surtout, SURTOUT, une Marine Vacth extraordinairement salope, manipulatrice et castratrice en diable ! Sans rémission ni potentielle rédemption Mascarade annonce d'emblée sa couleur : son programme sera celui du jugement de ses quelques personnages véreux et plein aux as, programme inauguré par des intermèdes judiciaires au demeurant lourds et démonstratifs dans leur imbrication dans le récit...

Difficilement supportable, aussi bien misandre que misogyne le propos fortement appuyé de Nicolas Bedos finit étrangement par plaire, puis par fatalement nous séduire au bout d'une bonne heure de métrage. Car si les personnages ne sont pas dès le départ présentés comme des modèles à suivre le regard porté sur ces derniers nous place presque dans une position de témoin complaisant, nous petits spectateurs avides de trash attitude... Ensuite c'est toute une machination tordue et sinistrement glamour qui s'étale sous nos yeux impuissants, au détour - entre autres choses - d'une Marine Vacth terrible en fausse ingénue à l'accent britannique aussi désarmant qu'à couper au couteau... Le film finit de nous laisser sur un sentiment de désespoir peu vécu jusqu'alors en salles cette année, montrant une amoralité à double-tranchant mêlée de sentiments volatiles et de mensonges en bonne et due forme. C'est à en chialer.

stebbins
8
Écrit par

Créée

le 4 nov. 2022

Critique lue 3.5K fois

26 j'aime

5 commentaires

stebbins

Écrit par

Critique lue 3.5K fois

26
5

D'autres avis sur Mascarade

Mascarade
Cinephile-doux
4

Surcote d'Azur

Mascarade part très mal avec des témoignages lors d'un procès, qui vont revenir à intervalles réguliers, et des flashbacks qui vont nous guider (lourdement) pour comprendre le pourquoi du comment...

le 28 mai 2022

40 j'aime

2

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5

Mascarade
Ismael24
3

Lassant et interminable

Ces derniers jours, le nouveau film de Nicolas Bedos a tellement été descendu en flèche par nos amis les critiques pro, que celà en suscitait presque de la compassion, ou du moins de la curiosité...

le 5 nov. 2022

13 j'aime

5

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

50

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5