La tentation du renoncement.

Est-il trop tard pour se remettre à aimer ? Vous êtes veuve. Vous vivez avec votre fille, une jeune créature pétulante qui est tellement heureuse avec vous qu'elle ne souhaite pas se marier. Vous ne le savez pas, mais vous faites encore rêver les cinquantenaires qui allaient acheter des choses à la pharmacie que vous teniez juste pour vous voir.

Et se pose donc une double question : la fille va-t-elle accepter de se marier ? La mère de se remarier ?

Dans quelle ordre, avec qui ? Au fonds, c'est un film à suspense. Et si le couple de quinquas qui s'y prennent très mal pour jouer les entremetteurs est assez savoureux, le film connaît une véritable apothéose dans sa dernière partie, avec l'intervention du personnage joué par Mariko Okada, qui campe une jeune fille à la moue boudeuse qui ne s'en laisse pas compter et souhaite faire bouger les choses.

Au fonds, c'est Printemps tardif, mais cette fois Setsuko Hara, qui jouait la jeune fille qui ne voulait pas quitter son père, joue la mère qui souhaite marier sa fille.

Et c'est dans de très belles couleurs, alternant les tons gris et les couleurs chaudes, que ce Tokyo des années 1950 est immortalisé par Ozu. Le champ-contre-champ se fait de manière très dynamique et naturelle, la chorégraphie de mouvements apparemment banal nous renseigne sur les hésitations des personnages, leur trouble intérieur. Quelle leçon de direction d'acteurs ! Ce film est un pur délice, il se déguste comme un bon Armagnac.