Voilà le genre de film à montrer dans les formations sur le cinéma.
Vous aurez la quintessence du film noir, avec tous les codes qui l’accompagnent. Une intrigue obscure, un protagoniste à la baffe facile et aux penchants sadiques, une succession de pépées plus ou moins de confiance, des voitures et des méchants organisés et cruels.
Mais l’intérêt véritable du film est la forme enveloppant ce fond. Ultra formaliste, totalement atypique, elle dynamite et magnifie le propos et nous laisse sans cesse pantois par son inventivité.
On retiendra ainsi un générique à l’envers et à l’oblique, un travail très poussé sur la profondeur de champ et les gros plans presque embarrassants sur les visages (de trognes assez géniales, notamment pour les méchants), des plongées ou contre plongées vertigineuses dans les escaliers ; un plan séquence génial dans la salle de boxe, et une scénographie proche du statuaire dans la pose des personnages autour de la piscine. C’est superbe de maitrise et d’audace.
Autre élément remarquable, la tenue du récit. Aux personnages déjantés (Nick le garagiste grec, la sœur du mafieux…), il ajoute une dynamique des échanges fondée sur la rupture et l’inattendu. Un baiser langoureux avec une femme sortie de nulle part, une bagarre attendue qui tourne court, le spectateur n’est jamais dans cet abrutissement de confiance censé lui procurer le film de genre.
Enfin, le McGuffin est sublime, une boîte de Pandore à la lumière hurlante, et le final est démentiel, faisant basculer le film dans un genre nouveau, qui lui appartient seul. L’explosion de la maison sur pilotis et le traitement du son, grandiose, dans toute la dernière séquence, est à considérer comme la naissance d’un nouveau cinéma, qu’un jeune spectateur reprendra plus tard à son compte, et auquel il rendra hommage dans une séquence mémorable de Lost Highway…
Sergent_Pepper
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le 31 août 2013

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Sergent_Pepper

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