Le film s'ouvre sur une longue route arborée. Un matin d'automne. Une voiture zigzague.
Dans la voiture, John, un ado aux cheveux oxygénés, qui demande à son père ivre-mort de lui donner le volant. C'est le seul parent qu'on verra dans tout le film: défaillant, incapable de protéger son enfant, bien au contraire.


On fera ensuite la connaissance d'Elias, Acadia, Michèle, Carrie, Alex... Des ados, avec des problèmes d'ados: parents relou, angoisse d'être enceinte, anorexie...
Le plus inoffensif d'entre eux, un adolescent brun timide et moqué par les autres, est en réalité un meurtrier qui calculera froidement son crime. Paradoxalement, son acolyte, un bad boy à l'air sournois, semble plus être un suiveur...
Un nouveau personnage fait son apparition troublante dans les dernières minutes du film: Benny, un grand Black, qui marche calmement dans les couloirs alors que le massacre est déjà en cours, et que les rares personnes encore à l'intérieur prennent la fuite dans une course affolée. Il semble prendre une direction opposée et se diriger vers les coups de feu... Pourtant, on ne sait rien de lui, contrairement à tous les autres protagonistes. Qu'est-ce qui le conduit à se jeter dans la gueule des tueurs? On ne le saura pas... à l'image des souffrances secrètes et silencieuses que vivent parfois les adolescents...


Aucun détail n'est laissé au hasard. Alors que Brittanny, Nicole et Jordan quittent le réfectoire, la caméra s'arrête sur une jeune fille blonde, en train de discuter avec une personne (qu'on ne voit pas), à propos de ses performances de chanteuse. Elle semble un peu niaise, l'archétype de la blonde idiote, et en décalage avec Brittanny et ses amies, qui sont vives et impertinentes. Pourtant, quelques scènes plus tard, c'est elle qui va échapper au tueur en s'enfermant dans les toilettes, sans prévenir les trois filles qui étaient en train de s'y remaquiller. Elle aussi a pris sa revanche sur ces élèves qui la snobaient, à l'instar des tueurs...


Qui sera épargné? Qui mourra?


Dans cet univers adolescent, chaque petit drame du quotidien est transposé sur la scène de la violence et de l'horreur, dans une dimension terrible et dramatique.

eya_loann
10
Écrit par

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le 9 mai 2017

Critique lue 351 fois

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eya_loann

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