Creed III
5.9
Creed III

Film de Michael B. Jordan (2023)

Allez c'est parti, une nouvelle année qui commence, c’est l'heure des bonnes résolutions !


Est-ce que ce ne serait pas le moment pour enfin se motiver à écrire sur la passion que, pour beaucoup, nous partageons sur Senscritique. A défaut de faire de réelles critiques au sens noble du terme, pourquoi ne pas partir sur ce qui pourrait se rattacher à des brèves, des ressentis, de simples textes qui viendraient accompagner mes visionnages au cours de l’année. Dans un quotidien de plus en plus gouverné par les chiffres, ça ne peut pas faire de mal de se retrouver un peu plus entourés de mots.


En parlant de chiffres, que dire de ce troisième opus de Creed, nouvelle franchise de l’univers Rocky, lancée par Ryan Coogler en 2015. Nous continuons à suivre l’histoire d’Adonis Creed, fils du défunt Appolo Creed qui semble vouloir profiter paisiblement de sa retraite après les faits d’armes présentés dans le premier Creed (une bonne surprise !), et son délicieux plan séquence (qui a donné du plaisir, j’en suis sûr, à nombre d’entre nous), puis dans le second opus, qui m’avait laissé de marbre (je ne m’en souviens d’ailleurs que très peu).


Pour en revenir au sujet de ce billet, la présumée retraite de notre cher Adonis Creed ne se passera pas comme prévu. Un élément de son passé viendra perturber ses plans, et permettre aux producteurs d’accoucher d’un film supplémentaire qui a rapporté la modique somme de 275 millions de dollars, record de la saga Creed. Cela ne détrône pourtant pas Rocky 4 et ses fameux 300 millions de dollars. N’en reste pas moins que le film est un succès, et je ne suis pas étonné d’apprendre qu’un 4e volet est déjà en préparation.


Bon, puisqu’il faut commencer par quelque part, parlons un peu de l’écriture du scénario, qui reprend une forme on ne peut plus classique, à savoir l’obligation d’un être à devoir sortir de sa condition (ici, la retraite) pour rétablir l’ordre. Hélas, le récit ne viendra jamais surprendre le spectateur. S’il tente désespérément de construire de la profondeur, notamment à travers les personnages féminins de la saga (à savoir la mère, la fille et la femme de Creed), force est de constater que cela fait choux blancs, et que la seule réaction face aux péripéties de cette petite famille a été quelques bâillements bien prononcés. Alors oui, j’admets que le visionnage du long métrage un 1er Janvier a sûrement joué sur la pénibilité du moment, il n’en reste pas moins que le film pourrait facilement être décrit comme « un peu chiant quand même, il faut le dire ». Ce qui me frappe, c’est que la franchise Rocky a toujours plus ou moins su inscrire le récit dans un contexte politique et/ou social, mais sans jamais perdre de vue que les scènes d’entrainements et de combat construisaient le socle des longs métrages. Elles dictaient le rythme des films d’une telle manière que l’ennui n’existait pas, et le divertissement offert au spectateur fonctionnait à merveille. Nous suivions à la fois l’homme et le boxeur, sans jamais se dire que le film aurait été mieux sans l’un ou l’autre. Ici, l’articulation de ces deux composants me semble bien moins intéressante, et la lassitude prend le dessus. Exit les scènes d’entrainements qui nous emportaient, nous ravissaient, et nous poussaient à lacer les chaussures dès le générique terminé. Ici, les séquences d’entrainement n’auront au mieux que pour but de faciliter les transitions, en proposant de courts spectacles de muscles saillants et en sueur.


Une des explications que je pourrais avancer, c’est que la mise en scène, qui aurait dû chercher à combler les faiblesses assez flagrantes de l’écriture, ne propose rien, n’ose rien. A la vue du projet, difficile d’ailleurs de savoir à qui la faute, puisque le film est un pur projet hollywoodien, dans le mauvais sens du terme. C’est le producteur du film qui a proposé à l’acteur phare de faire ses débuts en tant que réalisateur. À la suite de sa réponse positive, Michael B. Jordan se retrouve propulsé à la fois devant et derrière la caméra. Malheureusement pour lui, on ne peut pas dire que ce soit une réussite. Si le scénario est très convenu, on pourra en dire tout autant de la mise en scène, que je pourrais décrire comme inexistante, voire de mauvais goût (les effets de ralenti lors des combats, mon dieu, me laissent très perplexe). Je ne crois pas avoir grand-chose à dire, tellement l’expérience fut des plus banales. Rien à se mettre sous la dent. Vous savez, ce genre de film ou chaque scène, sans exception, semble avoir déjà été vue des dizaines, voire des centaines de fois.


Tout comme l’absence de plaisir face à cet objet filmique, l’absence de Sylvester Stallone à l’écran nous fais remarquer à quel point cette franchise, sans lui, est bien terne. Alors oui, ces quelques notes du thème de Rocky, à la fin du combat final, viennent caresser nos oreilles pour nous rappeler, avec une nostalgie certaine, les belles années de notre enfance ; mais ça n’aura d’effet qu’un petit instant, et on se retrouvera à marmonner comme un vieux grincheux que oui, Rocky, c’était quand même mieux avant.


Lemeneux
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2023 et 2024 - Carnet de bord

Créée

le 2 janv. 2024

Critique lue 27 fois

Lemeneux

Écrit par

Critique lue 27 fois

D'autres avis sur Creed III

Creed III
Mathieu-Erre
4

Raccroche les gants, Michael !

Je vais le dire d'emblée et très clairement : au mieux, un film mal branlé ; au pire, une caricature de la série des Rocky et des Creed, confinant au grotesque.Tous les films de la franchise ne sont...

le 11 juin 2023

25 j'aime

8

Creed III
cyrusastra
3

Eye of The Bourgeois

Déçue est un euphémisme. C’est une immense merde. C un film pour débile profond. D’abord je pense sincèrement que quand on a aucun amours pour la saga Rocky se fasse est passable mais sinon Wow. Ce...

le 5 mars 2023

12 j'aime

Creed III
Behind_the_Mask
8

Boxer in the dark

La franchise consacrée à Adonis Creed n'était, en réalité, qu'un prolongement de la nostalgie existant autour du personnage de Rocky Balboa, exaltée depuis le chef d'oeuvre d'émotion retenue qui le...

le 1 mars 2023

12 j'aime

1

Du même critique

La Sentinelle
Lemeneux
7

Une sentinelle pour l'histoire

Mathias, interprété par Emmanuel Salinger, est un jeune homme qui rencontre dans le train un policier qui le menace, fouille ses affaires et lui fais passer un interrogatoire musclé. Lorsqu’il...

le 21 janv. 2024

Les Larmes amères de Petra von Kant
Lemeneux
8

Le théâtre des âmes

Après avoir tant entendu parler de Rainer Werner Fassbinder, une des principales figures du « nouveau cinéma allemand », je me lance enfin dans le visionnage de ses longs métrages. Me voilà donc...

le 12 janv. 2024

L'Exorciste chinois
Lemeneux
7

Un mélange des genres réussi

Qu’est ce que je viens de regarder ? Assurément un film très particulier. Sammo Hung réussit avec brio à associer trois genres, à savoir la comédie, le fantastique et les arts martiaux. Le début,...

le 11 janv. 2024