(SPOILERS)


...pourtant on était tous là à se demander comment elle allait bien pouvoir sortir de la pièce avec de la coke plein les cheveux et les trois flics dans la pièce à côté vu que c'était la seule issue mais Dirk Diggler et le patron et sa femme et leurs amis se sont débrouillés pour détourner l'attention des flics et c'est un type qui s'était incrusté à la fête qui a fini au poste après qu'on l'ait trouvé le nez plein de poudre et la queue à la main en train de saluer des gamines qui passaient par là depuis le toit de la baraque mais bon c'était les 70's donc fais pas gaffe.


Je sais même pas d'où il venait Dirk-le-prodige avec sa bite plus grande que l'Empire State même qu'on se demandait comment un gosse peut se retrouver avec un truc pareil entre les cuisses et pas se choper une scoliose car y avait comme un silence religieux sur le plateau quand ils sortait l'engin mais pas le silence de d'habitude là on sentait le respect pour l'outil et en même temps je me retournais pour voir si y avait pas une équipe de secours qui attendait des fois que la queue du gamin lui réquisitionne ses cinq litres de sang d'une traite et qu'il tombe raide mort dès le premier clap.


J'ai aperçu Dirk la première fois quand il était serveur au Boogie Nights mais il restait en cuisines pour faire la plonge et c'est là que le boss l'a repéré ce qui a fait penser à Dirk que le vieux voulait le baiser alors qu'il voulait le payer pour le filmer en train de baiser mais ça c'était pas évident à capter puis la gamine qui sert là-bas et que tout le monde appelle Roller Girl j'aurais jamais su que c'était la protégée du boss si on m'avait pas raconté qu'ils avaient embarqué le petit Dirk chez eux pour qu'il montre ses talents avec Roller Girl qui a gardé ses roller aux pieds pendant qu'il la sautait.


Enfin ça c'est encore un pote qui me l'a rapporté ou un ami à lui je sais plus mais le fait est que ce pote était le même gars qui m'a raconté un jour qu'il est entré au Boogie en volant dans les airs depuis l'enseigne jusqu'à la porte puis qu'il a traversé toute l'entrée puis le dance floor d'une traite et sans cligner des yeux en observant les gens à table puis en suivant Roller Girl qui fendait la foule pour aller chercher les commandes alors ok le mec était raide pour sûr mais il racontait ça comme s'il voyait les gens du Boogie pour la toute première fois.


C'était peut-être ce gars qui s'est tiré une balle à la fête du 1er Janvier 80 ce qui aurait été une bonne chose car là tout est parti en vrille quand cette putain de vidéo est arrivée en même temps que les amateurs et le matériel cheapos qui permettait à n'importe quel gus de se prendre pour Dirk puis de vendre ça pour moins cher que notre travail en 35mm éclairé par des pros mais je te parle de ça c'est limite une légende urbaine maintenant qu'Internet a pris le relais tu peux plus prétendre être le roi du secteur et y a peu de gens prêts à payer pour se faire plaisir.


Je repense à tout ça sans haine ni rien parce qu'on en a profité à mort mais le gars qui s'est fait sauter le caisson a peut-être eu raison car franchement après ça faisait mal aux tripes de voir le monde courir plus vite que nous et de savoir Dirk obligé de vendre sa bouche au premier venu dans des parkings pour vivre de son organe sans caméra et d'ailleurs il s'était disputé avec le boss avant ça pour revenir dans ses bras après ce qui a fait plaisir à la femme du patron elle qui adorait Dirk mais à côté t'en as qui ont plus mal fini à force de fuir les 90's pour essayer de remonter le temps.


Mais à la belle époque y avait tellement de mecs et de filles prêts à se faire mater par tellement d'autres mecs et de filles qu'on se reconnaissait à peine et puis c'était pas la même quand on se retrouvait aux fêtes entre deux tournages car là y avait du plaisir mais aussi pas mal de tendresse et on supportait mal de voir nos potes écouter les conneries des gens de passage c'est-à-dire ceux et celles qui tapaient l'incruste et faisaient officie de figurants dans les soirées privées mais en même temps je dois avouer que sans eux on se serait parfois sentis seuls dans notre bulle.


Le truc c'est qu'on s'est dispersé et qu'on aurait pas dû. On se faisait trop de bien pour voir venir la chute en fait, puis faut avouer qu'on peut pas se faire que des amis dans le milieu du X, t'es soit rusé soit crédule, pas de compromis. Et laisse-moi te dire que j'ai retenu la leçon, dans ce monde-là si tu veux te faire ta place faut pas jouer franc jeu mais faire dans le sous-entendu. D'ailleurs si tu veux lever une nana, t'embête pas avec les formules d'usage, une nuit j'ai même eu le temps d'élaborer un système d'approche uniquement avec du vocabulaire de cinoche. J'te montre :


"Bonsoir, je serai intéressé par un travelling avant-arrière d'une durée de 60 à 90mn (voire 120 à 150 en cas de séquelles autorisées), si toutefois ma perche cadre avec la profondeur de champ souhaitée. Selon nos objectifs, le montage n'occasionnera que très peu de chutes, à moins que les projections n'entachent votre bobine. Bien entendu, afin de ne pas passer brutalement d'un point de vue à un autre, la bande sera rythmée par divers placements de produits." Mais bon tout ça c'était les 70's & 80's donc fais pas trop gaffe et en parlant de ça je t'ai jamais dit mais...


Lire l'article sur son site

Fritz_the_Cat
8
Écrit par

Créée

le 18 sept. 2015

Critique lue 825 fois

28 j'aime

Fritz_the_Cat

Écrit par

Critique lue 825 fois

28

D'autres avis sur Boogie Nights

Boogie Nights
New_Born
8

"I'm Dirk Diggler. I'm the star. It's my big dick and I say when we roll."

En guise de préambule, je tiens à préciser que je suis un fan inconditionnel de Paul Thomas Anderson, que Magnolia est mon film préféré, et donc, si je manque de discernement lorsque je parle de lui,...

le 3 janv. 2013

68 j'aime

8

Boogie Nights
Sergent_Pepper
7

Retiens les nuits

Boogie Nights est le film de l’envol pour Paul Thomas Anderson : passée la case du premier film, petite copie proprette, il est désormais temps d’affirmer sa singularité. Il est intéressant de voir...

le 28 sept. 2016

58 j'aime

Boogie Nights
Truman-
9

Mmmm you touch my tralalala

Boogie Nights ? Mouais au vu de l'affiche on dirait un film de danse sur de la musique disco, il manque juste John Travolta quoi ! Et bien non ce n'est pas un film de disco mais une descente aux...

le 18 déc. 2013

37 j'aime

Du même critique

Eternal Sunshine of the Spotless Mind
Fritz_the_Cat
9

La Prochaine fois je viserai le coeur

Ca tient à si peu de choses, en fait. Un drap qui se soulève, le bruit de pieds nus qui claquent sur le sol, une mèche de cheveux égarée sur une serviette, un haut de pyjama qui traîne, un texto...

le 4 sept. 2022

222 j'aime

34

Lucy
Fritz_the_Cat
3

Le cinéma de Durendal, Besson, la vie

Critique tapée à chaud, j'ai pas forcément l'habitude, pardonnez le bazar. Mais à film vite fait, réponse expédiée. Personne n'est dupe, le marketing peut faire et défaire un film. Vaste fumisterie,...

le 9 août 2014

220 j'aime

97

Le Loup de Wall Street
Fritz_the_Cat
9

Freaks

Rendre attachants les êtres détestables, faire de gangsters ultra-violents des figures tragiques qui questionnent l'humain, cela a toujours été le credo de Martin Scorsese. Loin des rues de New-York,...

le 25 déc. 2013

217 j'aime

14