Petit inconnu de la filmographie du discret Louis Malle (dont la reconnaissance populaire n'a su se pérenniser par rapport à un Truffaut ou un Godard), Black Moon s'inscrit dans une continuité à part, loin du huis clos introspectif comme My Dinner With Andre ou des escapades historiques comme Lacombe Lucien.
Pourtant, cette échappée surréaliste (qui rappelle beaucoup le Alice de Svankmajer ) dans laquelle désire nous emmener le réalisateur, est une proposition unique en son genre dans le paysage cinématographique français. Cette succession de scènes sans réel sens, prenant cadre dans une maison abandonnée à une brume hivernale sans fin, est rythmée par cette étrange femme dont on ne sait rien, si ce n'est qu'elle entend des voix et semble halluciner en permanence.
"All Is Illusion" synthétise assez bien le propos de ce métrage : une envie de nous perdre, qui se fait au prix d'un lourd effort pour le spectateur afin d'adhérer au voyage, s'il ne désire pas se perdre dans un méandre sans fin de scènes absconses. Mais si tant est que vous soyez prêts à tenter l'expérience, Black Moon s'inscrit dans une démarche intrigante, comme si l'on regardait un Dali pendant 1h40, ou bien comme si l'on lisait Le Garage Hermétique de Moebius : une expérience avant tout sensitive, où la quête de sens n'est pas l'absolue vérité.