C'est pas réaliste ? Et alors, c'est pas ce qu'on demande !!
J'ai souvent eu l'occasion de lire des critiques sur August Rush, qui lui reprochaient son manque de réalisme et de crédibilité.
Ok, le gamin joue de la guitare pour la première fois et se débrouille comme un pro ! Et ok, c'est pas crédible (surtout qu'il joue un thème impossible à jouer uniquement en cordes libres)... Mais mer***, vous ne vous indignez pas quand Superman prend son envol pour la première fois, alors qu'il ne l'a jamais fait avant !
Je pense que ce qui a perturbé la plupart des spectateurs, c'est qu'ils pensaient voir un film purement réaliste. Mais ce n'est pas le cas ! Ce qui fait l'essence même de ce film, c'est la musique (et plus particulièrement, le pouvoir de la musique).
Alors bien sûr, vous pouvez voir ça avec un esprit très rationaliste en disant que la musique n'est qu'un ensemble d'ondes qui, dans une certaine gamme de fréquences, forment des sons.
Ou alors, vous choisissez d'adhérer au message du film, qui dit que ce n'est pas seulement ça. Que ce soit par le biais d'une guitare, d'un violoncelle ou d'un orgue, qu'on soit dans un orchestre symphonique ou dans un groupe de rock, ça reste un moyen de communication, bien au-dessus des mots. Et c'est la foi des personnages dans la musique qui permet de les réunir à la fin du film.
Oui, bien évidemment, Evan qui apprend à jouer du piano alors qu'on ne lui a donné qu'une gamme, c'est gros ! La façon dont il joue de la guitare pour la première fois, c'est gros aussi ! Et qu'il saisisse toutes les nuances et les règles de l'harmonie, pour composer une oeuvre, en quelques mois, c'est super gros ! Mais c'est quelque chose qu'il faut surpasser, parce qu'après tout, cela mène à des scènes de pure émotion (du moins de mon point de vue) : quand Wizard vient chercher August en pleine répétition ; la première fois où le père et le fils se rencontrent, dans un duo de guitare ; le concert de fin, bien sûr ! Des instants forts, qui ne peuvent être appréciés que si l'on accepte quelques facilités scénaristiques qui, au final, passent assez bien (pour moi, cela reste au rang de détails).
Autre point important, qui fait de ce film une de mes références, c'est la casting. Il m'a fait découvrir Jonathan Rhys Meyer pour la première fois : au niveau jeu d'acteur, ça m'avait laissé assez froid, mais il rattrapait ça par une voix impressionnante et un p**ain de charisme ! Keri Russell, elle, m'avait vraiment épaté et elle reste une actrice dont je suis le parcours avec attention. Quant à Freddie Highmore, on pourra dire ce qu'on voudra de son jeu qui, soi-disant, reste toujours le même, il est parfait pour ce rôle ! Et Robin Williams... Bah ça reste Robin Williams, donc forcément, c'est génial !! Mais ce qui fait aussi le charme de cette distribution, c'est que même les petits rôles (celui d'Arthur, ou le père de Lyla, ou même le prêtre qui recueille August) ont leur propre personnalité, sans jamais tomber dans le cliché et on s'attache à eux, même malgré un temps d'écran assez court.
Pour conclure, c'est la musique qui est au coeur de film. Et comme, aujourd'hui encore, certains aspect de cette entité nous échappent encore, il est normal que certains aspects du film nous apparaissent comme bizarres ou peu crédibles. Donc, au final, un film émouvant, qui pose des questions intéressantes sur nos rapports à la musique (certains l'exploitent tel un business, d'autres la ressentent au plus profond d'eux-mêmes) !