L'idée du film franco-espagnol, avant même d'avoir rien vu ça me plaisait.
On découvre peu à peu les enjeux du film, les paysages, les personnages — j'y reviendrai — et leurs antagonistes.
Au premier regard, la banalité de l'argument ne promet pas grand-chose : un couple de Français installé en Galice pour faire pousser du bio est aux prises à l'hostilité de ses voisins. C'est Manon des sources en Espagne, avec Denis Ménochet, extraordinaire comme toujours, dans le rôle que tint jadis Depardieu. Mais les premiers plans du film convoquent une forme de violence et de soumission par la force : voilà ce que nous serons pendant deux heures, des victimes dociles.
Car assez rapidement ce film s'avère très intense, puis oppressant.
Je ne vais pas spoiler hein. Il faut souligner la remarquable mise en abyme que permet l'usage d'une caméra dans le film : au niveau de l'action, cette caméra sert à témoigner des tensions, et pourrait dénouer l'intrigue avec une grande simplicité. Mais cette possibilité est constamment mise en échec par la narration.
La caméra de Rodrigo Sorogoyen, réalisateur remarquable, porte lesdites tensions à un niveau quasi anthropologique, tout en nous tenant par le bout du nez quant au moment, à la nature, puis à la possibilité même d'un dénouement.
Cette caméra, le personnage d'Olga refuse avec véhémence que son mari Antoine s'en serve. Exprimant sans détour qu'on sait où ça va mener.
Brillant.Le film repose sur les épaules de Denis Ménochet dans la première partie, puis sur celles de Marina Foïs dans la seconde. Ils sont l'un comme l'autre éblouissants. Je n'aurai garde enfin d'oublier les deux acteurs stupéfiants qui, par leur performance, confèrent à As Bestas toute sa violence contenue.