Écrit et réalisé par James Gray (Ad Astra, The Lost City of Z, Two Lovers), Armageddon Time est un drame qui, à l’image de ses précédentes réalisations, puise sa force dans l’intimité de ses personnages et de leur choix de vie. Une intimité d’autant plus intéressante qu’elle concerne ici spécifiquement le cinéaste américain. A travers l’histoire du jeune Paul Graff, c’est effectivement sa propre enfance que James Gray s’attelle à reconstruire. L’occasion pour lui d’évoquer une multitude de thématiques telles que la famille, le racisme, la mort, l’insouciance ou encore l’héritage (sous toutes ses formes). Autant de sujets qui offrent finalement au long-métrage une richesse appréciable. Dommage cependant que celle-ci ne soit pas au service d’un scénario apportant une véritable originalité au propos. Tant les personnages que les situations souffrent en effet d’un arrière-goût de déjà-vu. Cela étant, malgré une entame particulièrement longue, le film se laisse suivre sans déplaisir, réservant même quelques séquences particulièrement poignantes.


Il faut dire que le choix de raconter l’histoire par les yeux de son héros amplifie grandement l’écho de certaines scènes, conférant à des échanges au demeurant anodins une émotion subtile. Difficile d’en dire davantage sans déflorer complètement l’intrigue, mais disons simplement que les discussions du jeune garçon avec son père et son grand-père recèlent une superbe profondeur. Cette narration à hauteur d’enfant aurait pu être l’atout majeur du film, le seul qui compte, si elle n’était malheureusement pas accompagnée en permanence d’une assistance émotionnelle/intellectuelle, surlignant – tantôt avec la mise en scène, tantôt avec les dialogues – ce qu’il fallait ressentir ou comprendre. Un manque de finesse regrettable auquel le réalisateur ne nous avait pas forcément habitués. Reste malgré tout un casting de grande qualité. Outre le jeune Banks Repeta, plutôt à son avantage pour son premier grand rôle au cinéma, on retiendra surtout les performances habitées de Jeremy Strong et Anthony Hopkins, deux des acteurs les plus convaincants.


Emmené par un magnifique casting, Armageddon Time est donc un drame inégal puisant sa force dans l’intimité de ses personnages. Malgré une narration efficace, laissant poindre l’émotion en différentes occasions, le film souffre malheureusement d’un manque de finesse regrettable qui amoindrit nettement l’impact de son propos (pourtant vecteur de messages tout à fait louables).


https://cinerama7art.com/2022/12/09/critique-armageddon-time/

Wolvy128
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Cuvée 2022

Créée

le 9 déc. 2022

Critique lue 48 fois

Wolvy128

Écrit par

Critique lue 48 fois

D'autres avis sur Armageddon Time

Armageddon Time
Plume231
5

Les Quatre Cents Coups !

Cela fait deux films que j’ai lâché le cinéma de James Gray (donc je n’ai pas encore regardé The Lost City of Z et Ad Astra ; je compte me rattraper un jour, bien sûr !). Ce qui fait que je n’ai vu...

le 9 nov. 2022

75 j'aime

17

Armageddon Time
Procol-Harum
7

La face cachée de la lune

La forme mise au service du fond, d’un tréfonds caché : le générique d’Armageddon Time nous renvoie vers la surface lisse d’une image idyllique, celle de l’Amérique d’hier que sacralise la mélodie...

le 11 nov. 2022

62 j'aime

7

Armageddon Time
Aude_L
5

Surtout, ne réfléchissez pas.

Le casting nous faisait tourner la tête comme une étoile filante qui transpercerait le ciel, mais Armageddon Time, s'il ne s'écrase pas complètement, est pour notre part une déception pour un...

le 5 nov. 2022

27 j'aime

Du même critique

Hunger Games : La Révolte, partie 1
Wolvy128
6

Critique de Hunger Games : La Révolte, partie 1 par Wolvy128

Depuis l’adaptation du dernier tome de Harry Potter en deux films distincts, la plupart des grandes sagas littéraires semblent emprunter la même trajectoire (Twilight, Divergente…) et Hunger Games...

le 20 nov. 2014

49 j'aime

3

Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E.
Wolvy128
7

Critique de Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E. par Wolvy128

Quatre ans après sa dernière réalisation, le réalisateur britannique Guy Ritchie revient sur le devant de la scène avec un film dans la veine de ce qu’il a l’habitude de proposer, celle d’un...

le 21 août 2015

35 j'aime

1

Mary
Wolvy128
7

Critique de Mary par Wolvy128

Mis en scène par Marc Webb, surtout connu pour son fabuleux (500) Jours Ensemble et son sympathique reboot de Spider-Man (avec Andrew Garfield et Emma Stone), Mary (Gifted en VO) est un drame...

le 11 juil. 2017

27 j'aime