Après un film presque muet (All Is Lost), mené par un Robert Redford perdu en mer en solitaire, le réalisateur nous narre aujourd’hui le récit d’un immigré seul dans sa quête du Rêve Américain, rêve qu’il veut atteindre dans le respect des règles. A Most Violent Year surprend donc rapidement, car il désamorce chacun des clichés auxquels nous nous attendions. De part son esthétique très eighties, fleurant bon le sépia et les salles enfumées, jusqu’aux décors mafieux reprenant un à un les lieux communs du film de genre, le film de J.C Chandor s’amuse de cette image pour finalement l’amener là où nous ne nous y attendions pas. Décortiquant avec minutie le Rêve Américain, dans sa démarche comme dans son fond idéologique, le film naviguera sans cesse entre deux eaux, à l’image du couple qui anime le film : une femme entreprenante, ancienne fille de voyou et un mari réfléchi, préférant les plans sans accrocs. Surtout, on retiendra ce dernier tiraillé par son désir de prospérité qui devra lutter contre l’animalité qui réside en lui, durant l’année la plus violente que la ville de New-York ait connue. Pourtant, et c’est bien là l’une des grandes surprises, c’est que le film ne sombre jamais dans la violence gratuite. Sur le fil du rasoir, la tension est palpable à chaque dialogue, dans chaque geste. Et quand cette violence se présente, elle se fait brute, et s’arrête aussi vite qu’elle a commencée ; la froideur et la rudesse des scènes de dispute se faisant toujours plus forte, à mesure que l’hiver du film se poursuit.
A Most Violent Year n’est donc pas un film de mafieux à l’ancienne, mais un conte triste sur la morale américaine qui commençait dors et déjà à se déliter quand il était question d’argent. De part le combat intérieur du héros qui tente à la fois de mêler respect et réussite, de part sa relation avec ses employés, dont l’un semble être un double du passé, de part la pression qu’exerce tout un carcan social sur lui… le film de J.C Chandor semble sans cesse poser cette question de la limite, et de ce dont nous sommes prêt à faire pour atteindre un objectif. Le tout étant mêlé à une mise en scène touchant au sublime, au rythme qui donne le blues dans ces quartiers New-Yorkais couverts de neige, J.C Chandor nous livre ici le film qu’il fallait pour conclure l’année en beauté, probablement même l’un des meilleurs. Un réalisateur qu’il faudra suivre de très près, tout comme son casting quatre étoiles.
Par Florian
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