Je ne m'attendais pas à un tel choc. Un énième film sur un patelin oublié des États-Unis. Des policiers locaux prenant un peu trop leurs aises, les pieds sur la table. Peu de distractions. Le bar qui est un peu le lieu de rendez-vous de toute la population. J'aime beaucoup pourtant. A priori, il y a peu de chances pour que je découvre ça par moi-même un jour. Il y a donc un côté sociologique, appelons-ça comme on veut, que je trouve très intéressant.
Mais ça, c'est pour moi. C'est un détail. Ce qui intéresse cette mère de famille en colère, qui est bien loin de tout ça, c'est le viol et le meurtre de sa fille et surtout l'inaction de la police. Autant le dire tout de suite : Frances McDormand n'a pas volé son Oscar. Le regard perçant. La réplique cinglante perpétuellement au bord des lèvres. Un demi-sourire cruel à la bouche. J'aurais adoré avoir une mère comme ça. Sa performance est fantastique. Forcément, tu as envie de lui dire que la vengeance n'est pas la solution. C'est le risque de recevoir un coup de poing en pleine figure en guise de réponse.
Outre sa colère légitime, son sentiment d'abandon et d'injustice, il y a le poids de la culpabilité sur ses épaules. La culpabilité d'avoir envoyé sa fille à la mort. L'aveuglement la poussant à ne pas s'apercevoir que certains veulent l'aider. Que tous ne sont pas si mauvais que ça. Ou alors qu'ils peuvent changer.
Et là, les seconds rôles comme Woody Harrelson et Sam Rockwell en flic raciste sont géniaux. De passif au départ, ils auront cette prise de conscience progressive leur rendant leur humanité. C'est regrettable qu'ils ne soient pas comme ça d'eux-même dès le départ. Mais enfin...Les êtres humains peuvent changer même s'ils leur faut être confronté au pire pour ça.
Par sa tristesse enveloppant cette petite ville éloignée de tout, cette violence sourde, cette colère froide, ces regrets éternels, 3 Billboards broie le cœur, fait rire (jaune), choque. Comme un direct au foie signé Arturo Gatti, il m'a coupé le souffle.