Martin McDonagh fait un peu partie de cette nouvelle génération de réalisateurs auquel on ne fait gaffe que quand il sort un coup d'éclat ayant fait beaucoup de bruits. Et avec les prix qu'à reçu Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, il est probable que son nom va retenir l'attention de beaucoup de cinéphiles pour les prochaines années.


Le dramaturge British ressort de son oeuvre mère Bons Baisers de Bruges et de l'intéressant 7 Psychopathes, voit des panneaux d'affaires irrésolus et écrit une comédie dramatique avec en tête la pince sans rire Frances McDormand.
On fait facilement le rapprochement entre le cinéma de McDonagh et celui des Frères Coen pour son humour noir et décalé, rien de plus normal que l'actrice qui fait maintenant partie intégrante de ce type d'univers caustique où la drôlerie provient là d'où elle n'est pas censée provenir en mordant les aspects négatifs de notre société y trouve le meilleur rôle de sa carrière depuis Fargo. On peut dire la même chose de Sam Rockwell parfait dans son rôle de flic nul et antipathique.


McDonagh fait mieux que les exploiter, il les révèle, les flamboie. La facette comédie du film est présente mais se fait grignoter petit à petit par la facette humaine de la tragédie qui touche Ebbing, démontrant tout le talent de ses interprètes tant dans l'humour que dans leur lente descente vers le sérieux.


Le propos est simple, à l'inverse difficile des émotions humaines qui sont le fondement de cette histoire. Les questions se posent: Pourquoi s'en prendre à la police ? Pourquoi s'en prendre à notre respectable chef ? Pourquoi sont-ils incapables de trouver le responsable du meurtre ? Pourquoi sont-ils plus compétents à commettre des bourdes ? Fait-elle ça par colère ? Par culpabilité ? Pourquoi se donner autant de mal à se faire détester ? Quelle aboutissement aura cette histoire ?


Quand Mildred discute avec le prêtre sur les raisons de sa publicité subversive. Elle aurait pu répondre par la tristesse une phrase révélatrice qui aurait remit tout le monde à sa place.



"Et combien de vos ouailles ont perdu leur fille ? Ils ne peuvent pas comprendre."



Mais préféra la réponse colérique à travers sa tirade acide sur les gangs de Los Angeles transpirant finalement des mêmes préjugés racistes qui piétinent chacun des personnages et que McDonagh s'amuse à mettre en évidence pour leur plus grand malheur.


Car finalement, les questions que les personnages ne se posent pas sont nombreuses, mais la réponse en revanche est très facile à comprendre. Telle est ce que McDonagh raconte à travers toute les différents actes commis par les personnages, la chose tellement simple à deviner que c'est finalement la personnage la plus demeurée du film qui doit la réciter d'une manière qui se révèle sous la plume de son auteur aussi cruche et absurde que l'escalade de violence que ces panneaux ont provoqués: la haine n'attise que la haine.
Les panneaux rouges flamboyant de colère ne sont qu'une extériorisation de la négativité que tout le monde essaye d'évacuer de la pire façon possible alors qu'il suffit depuis le commencement de s'apaiser, de réfléchir, de ne pas laisser la haine envers autrui provoquer des dégâts regrettables.


A ce titre, la direction prise par la fin est brillante. Se concluant par une phrase ouverte plus qu'évocatrice et qui nous questionne nous-même sur la bonne chose à faire. On ne pouvait rêver d'une meilleure écriture venant du gars qui se prétend avec un soupçon d'ironie meilleur que William Shakespeare.


Three Billboards Outside of Ebbing, Missouri est donc sans conteste le meilleur film de ce début d'année. Qui pose une réflexion dans la rigolade et la peine de ce que rapporte vraiment la haine, rien du tout. En revanche pour avoir posé cette question, il est clair que Martin McDonagh n'a pas fini de recevoir.

Housecoat
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le 18 janv. 2018

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