
Après un paquet d’années d’absence, le duo fraternel écossais BOARDS OF CANADA signe un retour suffocant bien calé entre atmosphérique et post-rock glutineux. Ces deux-là n’en sont pas à leur coup d’essai puisque Music Has the Right to Children (1998) est désormais classé classique et ses successeurs Geogaddi (2002) et The Campfire Headphase (2005) rangés sur la même étagère du haut. Au bout de sept années de silence, les amateurs attendaient donc ce quatrième chapitre comme un vainqueur absolu. Mais Michael Sandison et Marcus Eoin n’entendaient pas l’affaire de ces oreilles.
En annonçant (re)partir précisément là où ils s’étaient arrêtés, on pouvait espérer de nouveaux « Roygbiv » ou « Dayvan Cowboy ». Erreur. Nous voici invités dans une suite d’ambiances un peu flippantes et downtempo. Une sorte de bande originale où se côtoient des effluves de Twin Peaks mélangées à un futurisme peu enclin à la gaudriole.
Très cohérent, presque uniforme, le film se déroule sur des ambiances calées en mode slowburn (« Reach For the Dead », « Cold Earth »), frôlant l’électro (« Transmission Ferox », « Collapse », « Uriual ») tout en se délestant d’anciens oripeaux organiques et acoustiques.
Qu’importe ! Doté d’une magnifique production pleine de sensations et d’ivresses soniques, Tomorrow Harvest piétine toute idée de titre accessible ou à vocation pop (la rythmique à contre temps de « Jacquard Causeway ») au profit d’une froideur redoutable. Dans cette lente métamorphose, le groupe ne perd rien de sa mystérieuse et fascinante séduction.