Il existe deux types de musique. La première c’est celle qu’on entend plus ou moins tous les jours: les jingles de publicité, le dernier tube du moment chantée par je ne sais quelle greluche à la mode ou encore les sonneries de portables qui semblent faire fureur ces derniers temps avec René La Taupe ou autre Jean Pierre Le Koala.
La seconde c’est LA musique. Celle qui vous remue les tripes, tellement elle irradie de sincérité, de conviction et semble éloignée de toute forme de mercantilisme. Elle est rigoureuse certes, mais elle ne sombre jamais dans un élitisme pédant qui agace très vite. Dead Can Dance, c’est peut être plus que cela. Ce n’est pas qu’une simple musique, puisqu’elle relève du mystique et du divin.


Pendant que l’industrie musicale (bon sang, mais que c’est vilain d’accoler ces deux mots quand on y pense) des années 1980 s’enfonce dans une superficialité qui hélas, est encore l’apanage des majors d’aujourd’hui, du côté des labels indépendants, c’est tout le contraire qui s’y passe.
Le label 4AD s’est toujours fait remarqué pour ses groupes singuliers et c’est sans surprise que Lisa Gerrard et Brendan Perry le rejoindra.


Spleen and Ideal donc, deuxième album de ce duo qui change du tout pour le tout leur musique. Ce disque a la réputation d’être une simple de transition vers ce qui est considéré par beaucoup comme leur chef d’œuvre : Within the Realm of a Dying Sun.
Tout n’est pas aussi simple car je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela.
En vérité, les changements dans la musique sont très importants. Premièrement, la production datée du premier album fait place à un son plus moderne, sans être clinquant et froid comme on le reproche beaucoup aux disques de cette décennie.
Deuxièmement, ce qui marque aussi c’est l’abandon des structures post punk qui régissaient les compositions de leur premier effort. Quelques titres sont encore soumis à ce schéma basse-batterie comme « The Cardinal Sin », mais ils sont aussi cette fois-ci accompagnés d’orchestrations.


Les morceaux les plus heavenly sont transcendés encore une fois par le chant lyrique de Lisa Gerrard. Véritable voix des abysses, dont les capacités vocales sont des prouesses techniques en plus d’être bourrées de feeling, et rare sont les chanteuses (et chanteurs) à savoir manipuler ces deux aspects avec autant d’aisance.
Brendan Perry est affecté aux titres les plus rythmés. « Enigma of the Absolute » avec son martellement, digne accompagnement d’une procession religieuse, et ses violons magnifiques aident à faire oublier que l’homme du groupe reste en dessous de la femme vocalement. Même si son chant reste poignant et que cette comparaison reste à mon humble avis, injuste tant Brendan Perry est un chanteur très attachant malgré ses défauts.


Spleen and Ideal ce n’est donc pas seulement de la musique, c’est un temple. Nous sommes convié à visiter dans ses moindres recoins la cathédrale Dead Can Dance. Un voyage qui dépasse l’humain tant la puissance qui se dégage ici dépasse l’entendement.


Il est difficile de hiérarchiser les albums de leur discographie tant elle se révèle exceptionnelle et s’il ne devait en rester qu’un, il s’agit sans la moindre hésitation de celui-ci.
La musique dans tout ce qu’elle a de plus beau et de plus gracieux à offrir. Rien n’est superflu, tout est d’une efficacité étonnante et d’une richesse peu commune. Et si je ne suis pas croyant, je me demande parfois si cette œuvre n’est pas une création de Dieu tant elle semble hors d’atteinte et trop bonne pour de pauvres gens comme nous.


Amen.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 31 déc. 2015

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Seijitsu

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