Queen
7.1
Queen

Album de Queen (1973)

Parue en 1973 cette pochette violacée est celle du premier album du quatuor. Composé dés lors de Freddie Mercury : chant et piano, Brian May : guitare, piano et chant, Deacon John : basse (son nom précède alors son prénom pour faire plus classe) et Roger Meaddows-Taylor : batterie et chant (il inclut alors son "middle name" pour faire plus classe), le groupe ne changera jamais, même si des musiciens supplémentaires viendront parfois se greffer à leur formation.
L'album a été enregistré plus ou moins à la sauvette, profitant des temps morts des autres groupes pour aller squatter vite fait bien fait les studios de Trident, à Londres, ce qui explique peut-être le côté un peu brouillon, disons urgent, qui le caractérise.
Les 10 morceaux qui le composent sont pourtant déjà très aboutis, le groupe les avait soigneusement répétés avant les enregistrements éclairs, ils oscillent entre un hard-rock très ancré dans son époque, un glam-rock assumé et quelques bizarreries vocales chères à Freddie Mercury.


Ca déboule directement avec "Keep Yourself Alive", excellente entrée en matière. Première chanson du premier album, premier single également, c'est un morceau qui contient déjà une bonne partie des ingrédients que nous retrouverons dans de nombreux morceaux à venir : guitares acidulées et même un peu biscornues, énergie soutenue, chant de troubadour haut perché et arrogant. Tout ça en un premier morceau qui finalement résume bien le son du groupe durant ses premières années. En fait, inutile de poursuivre puisque tout est dit dans ce premier morceau.


Bon, pas tout à fait.


Le groupe enchaîne avec "Doing All Right", morceau rescapé de l'ancien groupe de May et Taylor, Smile, qui débute comme une ballade un peu innocente pour se muer ponctuellement en hard rock, les aller-retour entre douceur et énergie sont assez fréquent dans le paysage du groupe, Freddie Mercury n'a pas froid aux yeux et il n'hésite pas une seconde à monter dans les aigus, (on ne parle pas des tenues trop serrées on a dit), et Brian May n'a pas peur de le suivre avec sa guitare bricolée.
"Great King Rat" suit, soutenue par un rythme martial, enchaîne les paroles irrévérencieuse et un peu obscures. On y trouve au passage une reprise déformée de la comptine "Old King Cole" ( https://www.youtube.com/watch?v=_z5mN9_bAaI) C'est un morceau plutôt représentatif de l'album, par l'expression de son urgence et son côté un peu bancal. Il est également une bonne illustration de l'aspect progressive-rock de Queen qui a tendu à disparaître complètement avec le temps.
"My Fairy King", un titre pas très viril s'il en est. Ici la voix haut perchée de Freddie Mercury évoque une sorte de royaume féérique peu à peu corrompu, peuplé de chevaux ailés, d'abeille sans string (pour de vrai, erreur d'impression ?), de lions gentils comme tout et de dragons rien de moins ! Tout ça est un peu naïf mais ne manque pas de charme, le côté heroic-fantasy de Queen est quelque chose de très présent au moins jusqu'à l'album "A Day at the Races", par la suite ils l'abandonneront tout à fait.
"Liar" est une chanson à tirroirs. Elle passe de la balade au glam, nous balance un pont franchement hard-rock qui suit un genre de gospel (plein d'hypocrisie) avant une fin plus fluide. Tout ceci ressemble peut-être à un tableau mal défini et confus, mais, mine de rien, ce sont un peu les germes de "Bohemian Rhapsody" qui sont semés ici et là, dans une sorte de version négative.
L'album continue avec "The Night Comes Down", morceau apaisé mais peuplé de solos ciselés, avant la déferlante à venir :
"Modern Times Rock'n'Roll !" Même pas peur, la couleur est annoncée. Ce morceau est extrêmement bref (1'48), il détonne avec le reste d'un l'album plutôt alambiqué. Il présente une guitare survoltée et un chant qui n'est pas en reste, celui de Roger (Meddows) Taylor, décidé à relever le défi de qui chantera le plus aigu. Même s'il n'est pas le morceau le plus mémorable du groupe, ni même de l'album, il pose sans en avoir l'air certaines bases du thrash-metal, et inspirera aussi sans doute quelques Guns et quelques Roses, au hasard.
"Son and Daughter" est une sorte de heavy-blues qui lorgne assez du côté de Led Zeppelin, Queen n'a jamais très bien dissimulé son admiration pour le groupe. Efficace malgré tout, avec la présence, quasi traditionnelle à cette période de leur carrière, de choeurs à trois voix.
"Jesus". Rien que ça ! Chanson un peu lancinante, la première de Queen au sujet d'une célébrité, (la prochaine sera John Lennon bien, bien plus tard.) elle alterne entre passages à la rythmique très appuyée et d'autres plus légers, un peu naïfs, sur le thème de Jésus. Curieusement le morceau est assez lourd et n'est pas si loin du heavy de Black Sabbath pourtant censé jouer dans la cour d'en face.
Enfin, "Seven Seas of Rhye" termine l'album avec sa cascade instrumentale menée par le piano de Freddie Mercury. Il s'agit d'une ébauche d'une autre version au même titre, qui apparaîtra en conclusion de l'album suivant. Ceci révèle assez bien l'urgence de l'album, le morceau est très bref et inachevé.


Au final, cet album n'est pas des plus accessibles, mais il représente tout à fait le son du groupe pour nombre d'années à venir. Il contient surtout énormément de pistes lancées vers des oeuvres plus abouties et plus marquantes.


Important : Il ne comporte pas de synthétiseur, comme précisé dans les notes du livret, et Freddie Mercury n'a pas encore de moustache. (Par contre Roger Taylor s'en était bien fait pousser une avant de rejoindre le groupe car on le prenait trop souvent à son goût pour une jeune femme !)

I Reverend

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